Hier, l’Institut d’émission d’Outre-mer (IEOM) présentait le bilan économique de l’année 2023. Le moins que l’on puisse dire est que ça n’est guère florissant ni réjouissant.
Où que le regard se pose sur ce bilan, il n’aperçoit rien de très positif. Si 2022, année de sortie de Covid-19, a été florissante, ce rebond ne s’est pas concrétisé, loin de là. Pire : si 2023 n’a pas été une bonne année, 2024 entamée par la mise en sommeil de l’usine du nord (KNS) s’annonce comme plus difficile encore.
L’un des indices inquiétants est celui des défaillances d’entreprises. En 2023, leur nombre a augmenté de 35,7 % pour atteindre 399 : la hausse est particulièrement forte dans les secteurs du commerce, de la réparation et des services. Dans le même temps, le nombre de salariés dans le secteur privé a continué de progresser pour atteindre un plus haut historique au 3e trimestre de l’an dernier, mais, souligne l’IEOM, « cette progression est en revanche bien plus lente qu’en 2022 et semble s’essouffler en fin d’année. La tendance à la baisse du salaire moyen, observée en 2022, pourrait cependant indiquer qu’il s’agit de créations d’emplois peu qualifiés », et l’on ne sait pas, par ailleurs, si ces créations d’emplois concernent des CDI, des CDD ou de l’intérim.
Dans ce contexte, en 2023 l’inflation a fortement diminué pour s’établir à 1,8 %. Toutefois, ce bon taux est lui aussi à relativiser, car on note ainsi que les prix de l’alimentation continuent d’augmenter, près de 5 %, ce qui impacte considérablement les ménages les plus modestes. Des ménages dont la consommation progresse, mais s’essouffle. L’IEOM note la progression par le fait que « les montants des paiements par carte bancaire et des retraits de billets cumulés sur l’année 2023 sont en hausse par rapport à 2022 », et l’essoufflement par le fait que « la production des crédits à l’habitat subit une forte contraction sur l’année, tout comme la production des crédits à la consommation ». Enfin, il est relevé, concernant la vulnérabilité des ménages, qu’en 2023 le nombre de personnes interdites bancaires a atteint 5 675.
Les banques
« En 2023 », souligne l’IEOM, « une conjoncture économique moins favorable et un environnement de taux d’intérêt plus élevés ont entraîné un repli de 18 % de la production totale de crédits par rapport à l’année précédente ». Mais on note surtout que les banques reçoivent moins d’argent (dépôt à vue, de la part des entreprises et des particuliers) qu’elles ne produisent du crédit. Cela créé donc du déficit, établi l’an dernier à 300 millions. Cela a donc nécessité les interventions de l’IEOM et des maisons-mères des banques calédoniennes. Pour ce qui est du BTP, l’Institut précise que « la baisse de l’activité dans le secteur du BTP observée depuis plusieurs années se poursuit en 2023, après une modeste reprise en 2022 », avec pour conséquence « une hausse des défaillances d’entreprises dans le secteur de la construction ».
Le tourisme
Seul secteur à surnager : le tourisme, qui pèse entre 3 et 5 % du PIB calédonien. L’an passé, 103 paquebots et 293 995 croisiéristes ont fait escale en Calédonie, contre seulement 23 paquebots et 60 371 croisiéristes en 2022. On note aussi une hausse de la fréquentation touristique hors croisière, puisqu’en 2023 le nombre de touristes s’est établi à 125 895, contre 78 848 en 2022. Il a quasiment retrouvé son niveau d’avant la crise sanitaire et représente 96,3 % du total de 2019. « Malgré ces chiffres », indique l’IEOM, « le solde d’opinion des chefs d’entreprise de l’hôtellerie et du tourisme portant sur l’activité est en baisse en 2023, après la forte hausse en 2022 en lien avec la réouverture des frontières. Les prévisions d’activité sont également orientées à la baisse, comme indiqué par l’enquête de l’ICA (ndlr : Indicateur du climat des affaires) auprès des professionnels du secteur au dernier trimestre 2023 ».
