Sa femme vient d’accoucher, il la frappe à la maternité du Médipôle

Seulement quelques jours après la venue au monde du nourrisson, un jeune père de famille a roué de coups sa compagne dans la chambre d’hôpital, excédé qu’elle ne réponde pas à ses questions. Le tribunal l’a condamné.

Une paternité qui commence mal. Un jeune homme âgé de 25 ans et originaire d’Ouvéa a été condamné par le tribunal correctionnel de Nouméa, mardi, pour s’en être violemment pris à sa compagne qui venait d’accoucher à la maternité du Médipôle. Vendredi dernier, le personnel du service hospitalier a alerté les gendarmes en urgence après avoir constaté qu’une jeune maman avait été frappée et qu’elle portait de multiples hématomes sur le visage. La présidente Hélène Gaillet a ainsi raconté que le nourrisson, venu au monde le 6 janvier, présentait une jaunisse et que par conséquent, celui-ci était resté en observation quelques jours supplémentaires à la maternité. Alors que la sortie du bébé était prévue dans l’après-midi du vendredi, une discussion a mis le feu aux poudres dans le couple. «Madame a expliqué qu’elle allait être hébergée par son frère à Apogoti encore quelques jours avant de rentrer à Ouvéa. Monsieur se serait alors énervé car elle lui aurait mal expliqué les détails de la route pour rejoindre le domicile de son frère », explique la magistrate. Le ton serait alors monté et le jeune père de famille aurait alors violenté une première fois sa compagne… alors qu’il tenait le bébé dans ses bras.

Un déchaînement de violence s’en est ensuite suivi. Monsieur, qui a finalement posé son fils dans le berceau, a roué de coups de poing au visage la malheureuse jetée au sol et qui a dû, à au moins deux reprises, se réfugier dans la salle de bains. « J’étais sonné, je hurlais », avait-elle décrit lors de son audition devant les enquêteurs. A l’audience, sur le banc des parties civiles, la jeune maman, assistée par Me Claire Levieil, portait encore les stigmates des violences sur son visage.

« C’est générateur d’angoisse »

« Je n’ai pas fermé le poing », a d’abord maladroitement répondu le prévenu, en montrant le plat de sa main, comme pour mieux se dédouaner des coups portés. « Elle ne répondait pas à mes questions, et je me suis énervé », poursuit-il, sous le regard quelque peu désabusé de la juridiction. « Nous sommes dans une chambre de maternité avec une jeune maman fatiguée de son accouchement et devant un bébé avec une jaunisse, c’est surprenant cette soudaine montée de violence, souligne la présidente, rappelant qu’il tenait son bébé dans les bras lorsqu’il a commencé à lui donner des coups de poing. Il aurait pu tomber ou sa tête aurait pu partir en arrière. Un bébé de six jours est d’une grande fragilité. »

Le jeune homme évoque « la fatigue » après six jours « à ne pas avoir fermé l’œil ». Son avocate Me Barbara Brunard évoque « le contexte particulier » car « quand on vient d’Ouvéa, la période de l’accouchement n’est pas aussi simple que lorsqu’on habite à Nouméa. Tout est plus compliqué, sans logement, sans voiture, sans accompagnement. Il va dormir sur une chaise de la maternité pendant une semaine, 30 minutes par-ci, une heure par-là. Voilà son état mental et physique et c’est générateur d’angoisse. Tout a ensuite pris des proportions démesurées et loin de lui, l’idée de minimiser son geste ».

Son client assure que c’est la première fois qu’il lève la main sur sa compagne – ce qu’elle a confirmé devant le tribunal – et jure « regretter » son geste. « Je sais quelles vont être mes responsabilités maintenant en tant que père. Je veux être au côté de mon fils pour ses premiers moments de vie », a-t-il affirmé.

Une centaine de gardes à vue en une semaine

Une peine de trois ans de prison ferme est requise par le procureur Richard Dutot qui décrit « un homme dangereux », condamné à cinq reprises par le passé. « Même à la maternité, cette femme et son enfant ne sont pas à l’abri », dénonce le magistrat, refusant que Madame reprenne la vie de couple avec le prévenu. « Il faut une interdiction de contact », réclame-t-il avant de revenir sur « le fléau social » des violences conjugales en Nouvelle-Calédonie, « championne toute catégorie. Entre le réveillon et le 5 janvier, la permanence du parquet a traité une centaine de gardes à vue de violents conjugaux. C’est colossal ». L’avocate Me Barbara Brunard s’oppose « à cette interdiction de contact car elle ne sera jamais respectée puisque Monsieur et Madame n’en veulent pas ».

Après en avoir délibéré, le tribunal correctionnel a sanctionné le prévenu de deux ans de prison dont une année assortie d’un sursis simple. Les juges ont aménagé directement la partie ferme sous la forme d’un bracelet électronique à son domicile à Ouvéa. Sans interdiction de contact, ils sont autorités à reprendre une vie commune.

Jean-Alexis Gallien-Lamarche

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