Yvette Danguigny, porte-voix des femmes silencieuses

À 64 ans, Yvette Danguigny, fondatrice du collectif « Cris et pleurs de femmes », se dresse contre les violences faites aux femmes en Calédonie, mobilisant communautés et autorités pour reconnaître et combattre ce fléau. Elle organise une marche ce samedi, à partir de 8 h, à Bourail.

La mort tragique de sa nièce Diana en mai n’était qu’un début. Yvette Danguigny, ayant elle-même survécu à la violence, a transformé sa douleur en action. « La mort de Diana était un déclencheur. Ce n’était pas facile pour tout le monde de se lever et de parler », confie Yvette. Huit mois plus tard, le décès de Lucie a ravivé cette plaie non guérie, incitant Yvette à prendre des mesures encore plus radicales.

Face à l’inaction généralisée, Yvette lance un appel via Facebook, invitant les femmes à se joindre à elle pour une marche commémorative. Cette initiative vise à honorer toutes les femmes disparues dans l’indifférence. « Personne ne parle d’elles. Mais se taire, c’est être complice », martèle-t-elle.

L’association, soutenue par des femmes d’État et animée principalement par des membres des familles des victimes, cherche à attirer l’attention sur le problème persistant des féminicides. Yvette critique le manque de soutien pour les familles des victimes. « Il n’y a aucun accompagnement, aucune aide pour les familles et les enfants », déplore Isabelle Champmoreau, vice-présidente du gouvernement, en charge de la lutte contre les violences conjugales.

Améliorer l’éducation

Les trois rencontres avec les coutumiers ont souligné la responsabilité partagée dans l’éducation des générations futures. « Derrière ces assassins, il y a une femme qui les a nourris et éduqués. Nous, les femmes, sommes aussi responsables de l’éducation que nous donnons à nos enfants », affirme Yvette.

Elle appelle à une action collective, insistante sur l’importance de l’engagement masculin et du soutien coutumier pour véritablement faire une différence. « Il faut être ensemble, fédérer tout le monde, que les hommes soient présents », c’est ce qui ferait « la différence dans cette marche, avec les coutumiers en chefs de file, pour montrer à tous que c’est un combat collectif », conclut-elle. Avec sa détermination, Yvette continue d’inspirer et de mobiliser pour un avenir où les femmes ne seront plus des victimes silencieuses.

Ce 11 mai, des bus en partance de Nouméa, Koumac et Hienghène en direction de Bourail sont mis à disposition des marcheurs, gratuitement, pour rassembler un maximum de personne.

Margaux Lorenzini

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