Il y a une semaine, succédant à Thierry Santa, Alcide Ponga a été élu à la présidence du Rassemblement. Il est aussi très impliqué dans le dossier nickel du fait de ses responsabilités professionnelles. Nous avons donc fait le point avec lui.
La voix du Caillou : Vous êtes issu d’une famille engagée depuis longtemps non seulement en politique, mais surtout en faveur de la Nouvelle-Calédonie dans la France. Sur quoi s’est construit cet ancrage ?
Alcide Ponga : Ça remonte à très loin. Je suis d’une famille protestante, et les grands-pères ont beaucoup travaillé avec les missionnaires. Cet engagement remonte à la création de l’Association des Indigènes Calédoniens Loyalistes Français, l’AICLF, avec des personnalités comme Doui Matayo Wetta, Néa Galet, Kowi Bouillant, et son pendant catholique l’UICALO. Deux associations qui se sont mis ensemble pour former l’Union Calédonienne, un parti politique un peu contre les Parisiens et les gouverneurs qui ici dirigeaient les choses (sourire), jusqu’à ce que la question de l’indépendance soit abordée au sein de l’UC. Quand il y a eu les dissensions politiques, mais aussi au niveau de l’église, certains sont partis avec la voie indépendantiste, et il y en a qui sont restés et on rejoint le vieux Lafleur pour créer le Rassemblement. En même temps qu’ils faisaient de la politique, les grands-pères étaient impliqués dans la religion, mais aussi l’enseignement. D’ailleurs, je suis le trésorier de la FELP (Fédération de l’Enseignement Libre Protestant, NDLR), depuis près de quinze ans et avec mes collègues du Conseil d’administration, on a remonté et restructuré la FELP, et on est les seuls aujourd’hui dans l’enseignement privé à ne pas parler d’argent. Donc tout ce cheminement est logique.
LVDC : Votre travail désormais, après une période d’intérim que vous avez exercée à la tête du Rassemblement, est celui d’occuper les fonctions de président. C’est presqu’un moment historique, car vous être le premier kanak à exercer les fonctions de président de ce vieux mouvement.
AP: Autant vous le dire tout de suite, j’ai été stressé toute la semaine dernière précédant le Congrès du Rassemblement. Ma femme ne m’avait jamais vu comme ça (sourires) ! J’ai fait autre chose, passé la débroussailleuse, j’ai été au champ regarder mes ignames, parce que j’étais stressé. Je me disais, il y a eu le vieux Jacques, le vieux Pierre, Thierry et maintenant il va y avoir toi ! Personne ne se rend compte du poids qu’il y a derrière cette responsabilité, elle est énorme. Et pas qu’au sein du Rassemblement, mais aussi dans la classe politique, je sais qu’en face ils attendent aussi une voix qui soit la mienne. Ils l’avaient déjà mais le fait que j’étais en intérim, ce n’était pas assez rassurant pour eux, pas assez « valable ». Au niveau des discussions que j’ai avec les partenaires d’en face, j’ai toujours dit les choses, et ça va continuer. C’est une lourde responsabilité qui ne pèse pas que sur moi, elle pèse aussi sur la famille, sur le clan, sur Kouaoua où il y a eu des papas et des mamans indépendantistes qui sont venus m’embrasser et me féliciter, je vois donc bien la portée de cette responsabilité au-delà de ma personne.
Ce contenu est réservé aux abonnés.
Connectez vous pour y accéder !
