Mardi au Musée maritime, Mickaël Forrest, membre du gouvernement chargé de la culture, a lancé le premier comité de pilotage (COPIL) chargé de travailler sur l’inscription du bagne calédonien au patrimoine mondial de l’Unesco.
Le 9 mai 1864, l’Iphigénie débarque en Nouvelle-Calédonie avec les 246 premiers forçats. Cent-soixante ans plus tard, le 7 mai 2024, le gouvernement initie le premier COPIL destiné à garder vivante l’histoire du bagne. Pour la Nouvelle-Calédonie, le bagne n’est pas seulement une histoire de travail forcé, mais il représente surtout l’histoire du peuplement de la Nouvelle-Calédonie et de son métissage. En ce sens, le bagne calédonien a une valeur unique exceptionnelle (VUE). Partant de ce constat, le 17e gouvernement a pris la responsabilité de préserver ce patrimoine et de le partager avec les générations futures et le monde. Dans sa déclaration de politique générale en 2021, le président Louis Mapou s’était engagé à « accompagner le processus d’appropriation historique et identitaire engagé en valorisant la contribution de toutes les communautés à l’histoire, à l’identité et à la culture, pour conforter le poteau central de la Nouvelle-Calédonie ».
Des premiers travaux bien engagés
Après une coutume d’accueil avec les membres du Sénat coutumier et du Musée maritime, Mickaël Forrest a officiellement mis en place le COPIL constitué d’acteurs institutionnels, de la société civile, d’associations et de techniciens. Au programme des premiers travaux : bilan de la phase de consultation, validation de l’organisation autour du projet de classement, présentation de la démarche d’inscription au patrimoine mondial de l’Unesco, validation du planning prévisionnel et de l’itinérance des prochains COPIL, information sur les évènements à venir. Une après-midi de travail soutenu pour un « projet à dimension pays » puisque ce dernier est fédérateur entre toutes les communautés qui y trouvent une histoire commune. « L’Unesco est chargé de valoriser les différents biens du monde. C’est en toute logique que nous avons souhaité accompagner cette dynamique portée par le monde associatif depuis 2021. La dynamique de travail impulsée par le COPIL doit perdurer avec l’ensemble des acteurs publics et privés », confie Mickaël Forrest. L’inscription du bagne calédonien au patrimoine mondial de l’Unesco représente un enjeu multiple pour le pays avec cinq composantes essentielles: historique, identitaire, mémorielle, pédagogique et touristique.
Un label garant de développement
En effet, à l’obtention de l’inscription, des fonds dédiés sont débloqués pour entretenir le patrimoine matériel et immatériel. Le travail de collecte minutieux des données sur le bagne (exposition Les Kanak et le bagne, base de données de 30 000 fiches de condamnés, visites guidées…) permet de respecter le devoir de mémoire en le transmettant aux générations futures. Par ailleurs, les recherches dans ce passé commun contribuent à la création d’une identité commune. Les scolaires sont également impliqués depuis de nombreuses années au travers de nombreux projets pédagogiques autour du bagne. Et le label de l’Unesco donnerait une dimension internationale à notre patrimoine avec un attrait touristique).
Comme le rappelait Mickaël Forrest, le processus est long et prend en moyenne une dizaine d’années, sept ans pour l’inscription du lagon. Trois grandes étapes sont nécessaires pour obtenir le Saint Graal : l’inscription du bien sur la liste indicative, une proposition de son inscription sur la liste du patrimoine mondial, l’octroi de mesures de gestion et de suivi pour protéger la VUE du bagne calédonien.
