Rencontre avec… Nicolas Metzdorf

Entre deux avions pour Paris où s’est engagé un processus de révision de la Loi organique et de la Constitution, Nicolas Metzdorf nous a accordé un entretien. Pacte nickel, crise économique, discussions entre partenaires, et son positionnement offensif contre la doctrine indépendantiste, sont les thèmes que nous avons abordés.

Paul Néaoutyine et la SMSP ont annoncé qu’ils ne signeraient pas le pacte nickel, le gouvernement Mapou est sur ce point plus que fluctuant, que se passe-t-il si le pacte nickel n’est pas signé ?

Nicolas Metzdorf : La Nouvelle-Calédonie verra ses trois usines mises gravement en difficulté. Parce qu’il faut bien comprendre que le pacte nickel est en faveur de la Nouvelle-Calédonie et de sa filière nickel. Il offre aux usines de bénéficier d’une subvention de l’État, leur permettant de baisser leur facture énergétique de 50%. Or, c’est le prix de l’énergie qui nous met en grave difficulté face à l’Indonésie, mais également, le pacte nickel prévoit des investissements massifs, à moyen et long terme, dans le réseau électrique de la Nouvelle-Calédonie pour rendre nos usines compétitives. En fait, l’État stratège investit en Nouvelle-Calédonie des centaines de milliards de francs pour permettre à notre filière nickel d’être plus compétitive. En contrepartie, dans ce pacte, l’État demande à ce que la Calédonie devienne « business friendly » envers les sociétés métallurgiques, et que l’on soit un territoire attractif, qui permette aux entreprises d’avoir la flexibilité nécessaire à l’adaptation au marché. Il faut donc autoriser les exportations, ouvrir les réserves métallurgiques, il faut tout mettre en œuvre pour que nos sociétés puissent travailler dans d’aussi bonnes conditions qu’en Indonésie pour lutter sur le marché mondial. Le général de Gaulle, disait, « il n’y a pas de politique qui vaille hors des réalités ». Aujourd’hui, à cause de la doctrine, les indépendantistes refusent de le signer, par manque de réalisme économique.

Le pacte nickel est-il la dernière chance pour notre filière ?

NM : Clairement. Si on n’a pas de pacte nickel, Doniambo ne s’en sort pas et on va avoir les pires difficultés à trouver un repreneur pour l’usine du Nord ! Un repreneur est toujours plus attiré par une proposition lorsqu’il sait que la France soutient la filière concernée. Imaginons un repreneur à qui l’on dirait que la moitié de ses coûts d’énergie sera financé par l’État qui de plus investit plusieurs milliards pour rénover le système électrique, et qu’en plus les collectivités calédoniennes vont lui permettre d’exporter si la métallurgie ne va pas. Croyez-moi, ce repreneur sera plus attentif à cette proposition, que si on lui dit qu’il devra se débrouiller avec les coûts de production et que les exportations lui seront interdites ! Le pacte nickel peut permettre à la filière de rebondir.

Que vous ont dit les sous-traitants de KNS que vous avez rencontrés ?

NM : On n’a pas idée du choc pour les sous-traitants de l’annonce de la mise en sommeil de KNS. Nombre d’entreprises ne vivent que grâce à l’activité de l’usine du Nord, et du jour au lendemain il leur a été annoncé que le site de l’usine ne leur était plus accessible. A ce choc psychologique s’ajoutent bien sûr les difficultés économiques pour ses sous-traitants dont les salariés se retrouvent sans travail. Il faut donc nous mobiliser pour les aider au maximum. Je les ai rencontrés pour que, dans le cadre de mes compétences je puisse agir. Je leur ai permis de rencontrer le Haut-commissaire, j’ai adressé un courrier à Bruno Le Maire demandant à l’État des mesures exceptionnelles et lors de mon prochain séjour à Paris la semaine prochaine, je vais rencontrer le directeur de l’IEOM (ndlr : Institut d’Émission Outre-mer) pour qu’il puisse aider les banques calédoniennes à travailler à l’étalement des dettes des entrepreneurs. Je suis à l’écoute, je fais tout ce que je peux à mon niveau, je suis au contact régulièrement avec les porte-paroles du Collectif des sous-traitants de KNS, j’interviens parfois sur des demandes personnelles, je suis à leur chevet dans le cadre de mes compétences, mais comme tout le monde doit absolument l’être en ce moment.

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