Rencontre avec… Milakulo Tukumuli

Créé le 2 mars 2019, l’Eveil océanien fêtait samedi dernier ses 5 ans. L’occasion de faire un point sur la trajectoire et les aspirations du jeune parti, avec son président Milakulo Tukumuli.

La voix du Caillou : En 5 années, comment votre parti a-t-il évolué?

Milkulo Tukumuli : On a déjà parcouru pas mal de chemin, mais ce n’est que le début. On n’est plus du tout les mêmes personnes. Le parti est largement moins communautaire. Et il y a beaucoup de jeunes, énormément, près de 80 %. C’est beau à voir. Je crois que c’était le message fort de samedi. Et il y avait toutes les communautés présentes ce week-end, tout comme au concert qu’on a organisé l’année dernière. Beaucoup d’autres communautés nous ont rejoints.

Quelle place estimez-vous avoir aujourd’hui dans le paysage politique calédonien ?

MT : L’Eveil océanien a toujours été et est encore le petit bonhomme bleu qu’il y a sur notre logo : celui qui fait la passerelle entre les gens du “non” et les gens du “oui”. C’est toujours vrai, et ça l’est encore plus, je crois, aujourd’hui dans les discussions sur l’avenir institutionnel.

À ce titre, pensez-vous qu’il soit encore possible de parvenir à la signature d’un accord local ?

MT : Je crois que ça va pouvoir se faire quand même. Ce qui a fait déraper l’histoire, c’est la venue du ministre. En vérité, si les ministres n’étaient pas venus, on aurait progressé encore. Mais quand Gérald Darmanin est venu, avec la manifestation de la CCAT, on a arrêté les discussions avec l’équipe de Sonia. Tout est parti à la poubelle. Ça a mis un stop aux discussions. Le FLNKS avec l’État, c’est très compliqué. La période de bilatérales n’a pas marché, pas plus que le document-martyr. Le dernier espoir, en vérité, ce sont les discussions calédoniennes. Mais bon, le ministre est venu pour régler ou faire des politiques publiques. Moi j’entends. Mais sa venue nous a fait perdre deux voire trois semaines. C’est un constat que je fais. Et maintenant, il y a le communiqué de Gilbert Tyuienon (UC) qui passe à la télé pour suspendre les discussions. Les mots sont bien choisis, et notre ennemi aujourd’hui, c’est le temps.

Parce que d’ici le 1er juillet, à défaut d’un accord local, c’est la réforme constitutionnelle qui prendra le dessus….

MT : Bien sûr. Je comprends, mais je crois qu’il faut éviter de refaire les mêmes erreurs du passé, parce que ça nous emmènera aux mêmes résultats. Staline disait que la stupidité, c’est de faire la même chose en espérant des résultats différents. Je vois comment les choses évoluent. Je suis inquiet parce que la Calédonie est devenue une poudrière. De par sa situation économique, en particulier le nickel qui se casse la figure, parce que la situation budgétaire et financière du pays est totalement difficile. On a un certain nombre d’établissements publics qui sont en réanimation totale, je parle d’Enercal, de la Caisse locale des retraites, de l’hôpital public, des comptes sociaux. Donc tout ça est un peu explosif. Nous sommes sur une poudrière. Je crois qu’il ne faut pas grand chose pour qu’il y ait une petite étincelle et que les choses dérapent.

Quels sont les sujets d’achoppement ?

MT : C’est le corps électoral, celui qui permet de voter aux élections provinciales. Et un nouvel acte d’autodétermination. Ce sont les deux principaux sujets. Il y en a peut-être un 3e qui montre le bout de son nez et dont on entend souvent parler : c’est la représentativité au Congrès de la Nouvelle-Calédonie. Ce sont ces trois piliers-là qu’il faut résoudre de manière globale, et non pas un à un. Les discussions vont continuer. En tout cas, nous, malgré les positions, on a toujours œuvré, et on œuvre encore aujourd’hui pour que les uns et les autres discutent. Il y a un 4e sujet quand même qui paraît important, c’est “qui discute ?” parce qu’on voit bien qu’il y a deux discussions calédoniennes : la discussion avec Calédonie ensemble et la discussion avec les loyalistes. Il y a un autre groupe aussi qui s’est détaché, c’est le groupe de Georges Naturel et consorts. Et tout ce monde-là a une représentativité dans le pays et normalement on devrait tous être autour de la table. Donc ça, c’est un quatrième point aussi qui, selon moi, reste à régler quand on discute de la vie institutionnelle.

Et au milieu de tout ça, viennent s’inviter les prochaines provinciales…

MT : Bien sûr, et ça va être l’enjeu. Ce n’est pas tous les cinq ans qu’on discute d’un nouveau statut pour le pays. L’Accord de Nouméa en 1998 paraît loin. Maintenant, on passe un accord qui va nous donner des perspectives, je l’espère, pour longtemps. Et tout ça avant les élections provinciales. Ceux qui ne sont pas dans l’Accord seraient tentés de dénoncer l’accord ou de dire qu’il n’est pas bien, comme cela a été le cas en 1998 avec Didier Leroux qui a été exclu par Jacques Lafleur, etc. L’accord, s’il y en a un, je le crois, sera soumis au vote des Calédoniens, et s’il n’emporte pas leur adhésion, il ne pourra pas être approuvé. Donc à partir de ce moment-là, c’est normal pour nous que l’ensemble des acteurs politiques soit autour de la table pour discuter de l’avenir. Après, il y a celles et ceux qui jouent l’avenir du pays. Et celles et ceux qui vont essayer de jouer les prochaines élections provinciales. Je crois qu’on ne peut pas jouer les deux.

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