Ce lundi, une soixantaine de sages-femmes s’est mobilisée pour réclamer de meilleures conditions de travail et une revalorisation salariale. Pour les professionnels, il y a urgence.
Dimanche célébrait la journée internationale des sages-femmes. Mais en Nouvelle-Calédonie, les professionnels ont plutôt l’envie « d’exprimer un désarroi » que de célébrer leur métier, nous confie Valérie Lescroart, secrétaire générale du syndicat des sages-femmes. Manque de valorisation du métier, de personnel et de moyens ; les sages-femmes ont rencontré le gouvernement pour faire bouger les lignes.
Plus de la moitié de la profession dans la rue pour valoriser le métier
Sur 127 sages-femmes sur le territoire, plus de 60 d’entre elles se sont mobilisées devant le gouvernement lundi matin, sans compter celles qui ont dû rester en poste. Sur les passages piétons avec leurs pancartes, sur le trottoir avec leurs t-shirts à l’effigie des actes médicaux que les sages-femmes pratiquent chaque jour, le message était clair : plus de reconnaissance et de moyens. « Nous ne supportons plus les conditions de prise en charge de nos patientes aujourd’hui. Du fait du manque de valorisation de notre profession, nous manquons d’attractivité et donc de personnel. Cela se traduit par une prise en charge moins efficiente en maternité et par des difficultés à assurer nos charges dans les cabinets libéraux », nous explique la secrétaire générale.
Par ailleurs, alors même que les politiques publiques ont mis l’accent sur les « 1000 premiers jours de vie », ces dernières années, les services sociaux sont de plus en plus sollicités pour la prise en charge d’enfants, des femmes enceintes arrivent alcoolisées, et une recrudescence de violence est constatée envers le personnel médical, dont des menaces de mort. En brousse, les sages-femmes ne peuvent pas prendre de repos en raison de la difficulté de recrutement. En conséquence, les manifestants réclament plus de moyens avec une révision de leur grille salariale, mais aussi d’avancer plus rapidement sur certains textes comme le droit de prescrire des traitements pour traiter des MST.
Une entrevue « décevante » avec le gouvernement
Yannick Slamet, membre du gouvernement chargé de la santé et Vaimu’a Muliava, membre du gouvernement chargé du secteur de la fonction publique, ont reçu une délégation des grévistes pour aborder leurs difficultés. Charlène Tixier, membre du syndicat, s’est dit « déçue » de cette entrevue : « Nous n’allons pas lâcher comme ça le morceau. Il faut que les mentalités changent. On ne peut pas jouer avec la santé ». Pour la délégation, rien de concluant n’est ressorti de l’entretien, car la Nouvelle-Calédonie ne dispose pas des recettes pour répondre à leurs attentes. Le gouvernement leur a demandé de solliciter le congrès pour défendre la profession. Un rendez-vous en urgence avec une commission du congrès a donc été demandé pour la semaine prochaine. Yannick Slamet s’est engagé à travailler sur les textes concernant l’IVG et les arrêts maladies et de manière générale à remettre à jour tous les textes. Il doit également lutter contre les inégalités en garantissant le même prix qu’un gynécologue pour un même acte pratiqué. Enfin, un rendez-vous avec Vaimu’a Muliava est prévu dans 15 jours pour travailler sur l’évolution des grilles tarifaires.
Pour l’heure, le mouvement attend le retour des discussions avec le congrès pour définir la suite à donner à ses actions. Mais une chose est sûre, les sages-femmes sont plus déterminées que jamais face à l’urgence de la situation.