Les émeutes ont scindé la Nouvelle-Calédonie en deux, la Brousse et le Grand Nouméa. Si la situation autour de la capitale est inquiétante, en Brousse, la vie se fait différente. Si le calme règne, les provisions viennent à manquer.
« On n’a pas eu de dégâts, de violences, d’incendies », a déclaré vendredi matin Pascal Vittori, maire de Boulouparis. C’est une douce utopie dont rêvent les Nouméens qui se déroule en Brousse en ce moment. Les différentes commune sont pour autant pas en vacances et souffrent des maux de la capitale. Entre provisions venant à manquer, médicaments en attente de réapprovisionnement et pénurie d’essence, les maires des communes de Bourail et de La Foa nous racontent la situation.
« C’est le calme absolu au sein du village »
A Bourail, le maire Patrick Robelin, explique que « ça se passe plutôt bien, c’est le calme absolu au sein du village. Il y a un point de vigilance au Sud, les gens sont à côtés de la route et surveillent un petit peu parce qu’ils ont peur que les jeunes de Nouméa remontent pour mettre le bordel. » La situation devrait encore se calmer sur les routes ce week-end. De passage sur le barrage Nord, Patrick Robelin rapporte qu’« ils vont certainement lever le barrage pendant le week-end tout en laissant quelques trucs sur la route pour reprendre lundi. »
La population n’a pas sombré dans la peur, à l’image de Gabriel, dont le passage dans un camping proche de la ville s’est vu prolongé de quelques jours : « Ça s’est détendu. Les gens trouvent leur marque. Les deux premiers soirs, les gens faisaient des tours, là ça continue, mais plus calmement. La journée, on va randonner, on s’occupe, mais les gens sont ”chill”. Le seul problème, c’est l’information, c’est sur les réseaux sociaux donc la fiabilité n’est pas top. » Si les provisions ne sont pas encore en rade, tout comme les dialyses ou les médicaments, l’essence, elle tombe à plat. « Les stations sont vides et pour le personnel de la pharmacie, qui n’est pas prioritaire, c’est un vrai problème. On attend de voir si les camions pourront revenir et surtout si les barrages seront levés ou pas », conclut le maire de la commune.
« On n’attend que ça d’être solidaire de Nouméa »
A La Foa, l’ambiance est la même. Comme le confie la maire, Florence Rolland : « Nous, c’est calme pour le moment » avant d’admettre, tout de même, qu’« il y a une certaine inquiétude ». “Des familles sont de l’autre côté du Col de la Pirogue, elles sont inquiètes. Elles voient la situation sanitaire et alimentaire très compliquée. On aimerait être solidaire et faire passer des vivres, mais la route n’est pas en sécurité. On n’attend que ça aussi d’être solidaire de Nouméa et de l’agglomération pour apporter du ravitaillement. »
Depuis la commune, « on voit beaucoup de vidéos très inquiétantes qu’on n’arrive même pas à imaginer donc c’est très inquiétant. Ça génère un gros stress, mais je suis en lien avec les coutumiers, on échange beaucoup, on a la capacité de comprendre les oppositions des uns et des autres et de ramener le débat à quelque chose de plus basique, à savoir continuer le bon vivre à La Foa, car nous souffrons du climat actuel. » Si La Foa apprend à gérer les pensions de son mieux, elle pourra bénéficier aujourd’hui, avec l’accord du Haut-commissariat, de la mise en place d’un petit marché « parce qu’on a beaucoup d’agriculteurs qui vont jeter leurs productions qui ne peuvent pas être écoulées. Ça permettra aux gens d’accéder à des produits frais. »
Cependant, la maire déplore « un manque en matériel médical. On a un centre de dialyse ici et on traite des gens de Tontouta, il n’y a plus de matos donc les dernières dialyses vont partir là. Il y a aussi un manque de communication fluide envers les mairies de brousses. »
Eloi Coupry