Pascal Vittori est le maire de Boulouparis mais aussi le président de l’association française des maires de Nouvelle-Calédonie depuis peu. Il livre sa vision de la situation alors que sa commune n’a “pas eu dé dégâts, de violences, d’incendies”.
Concernant les éventuels actuels, comment se passe la vie à Boulouparis avec les émeutes ?
On a deux barrages filtrants, un à hauteur de la tribu de Ouinané et à l’embranchement de la route de Thio, mais on n’a pas eu de dégâts, de violences, d’incendies. Après, on commence à être très ennuyé par le ravitaillement en nourriture qui commence à manquer, le carburant également, le gaz, les médicaments. La pharmacie a ouvert deux demi-journées, hier et aujourd’hui, après je ne suis pas sûr qu’elle soit encore en mesure d’approvisionner la population en médicaments. Ce sont surtout ça, les problèmes aujourd’hui. On a des lycéens, en internat à Nouméa, qui sont séparés de leur famille. On a des personnes âgées, seules, qui sont apeurées par la situation.
Est-ce qu’il y a des milices mises en place ?
Il y a des barrages à l’entrée de certaines zones oui.
Et vous, en tant que maire, comment gère-t-on cette situation ?
J’ai décidé de laisser la mairie ouverte pour que les gens viennent se renseigner et pour continuer les quelques démarches qu’il y a. Je suis en contact régulier avec les autorités coutumières et la gendarmerie pour garder le calme au plus possible dans la commune. On essaye de renseigner les gens au maximum, de rassurer. J’ai des appels et des messages tout le temps. On est en contact avec les pompiers également, mais ce qui nous embête, c’est qu’il y a des fausses rumeurs en permanence, donc il faut rassurer les gens. Dans certains établissements de la commune, il y a des touristes étrangers qui sont bloqués donc avec la pénurie de nourriture, c’est compliqué, il faut continuer de les nourrir.
Et comment font-ils justement ?
Ils sont dans un gîte et dans un Airbnb. Il y a plusieurs styles de structure. Et comme ce sont des gens qui ne sont pas habitués à ce genre de situation, c’est pareil, ils sont apeurés. On a des gens aussi qui se déplacent dans la commune, qui déménagent.
“C’est sûr que ça fait naître la solidarité.”
Il y a une grande preuve de solidarité entre les habitants ?
Oui, c’est ça qui est bien, les gens se rendent service, se donnent des renseignements, échangent des produits quand il y a des besoins. C’est sûr que ça fait naître la solidarité. Je voudrais surtout remercier les commerçants, les stations-services, la pharmacie, qui ont ouvert autant qu’ils le pouvaient pour rester au service de la population.
En tant que président de l’association française des maires de Nouvelle-Calédonie, à quoi consiste votre rôle en ce moment ? Avez-vous des missions particulières ?
Je suis interrogé par un certain nombre d’autorités pour savoir ce qu’il se passe sur le terrain. Je suis aussi en contact avec des collègues. Mais entre collègues, c’est un peu compliqué de se tenir informé, car on est tous pris de court, chacun s’occupe de sa commune. Mais j’essaye de faire remonter des informations aux plus hautes autorités pour qu’ils nous apportent leur aide.
Vous avez des retours justement ?
Oui, les autorités de rang supérieur et notamment l’Etat sont très à l’écoute. Moi, je suis en permanence, jour et nuit, avec les représentants de l’Etat. Ils nous ont assurés de leur soutien. Pour le moment, on n’a pas de dégât ni de violence, j’espère que ça va durer comme ça. La difficulté, c’est que plus on avance dans le temps et plus les gens sont fatigués, et quand les gens sont fatigués, il y a des risques d’accidents. Il y a la tension nerveuse qui monte et des risques d’accident donc j’espère que ça n’arrivera pas.
Propos recueillis par Eloi Coupry