Marie Guevenoux, ministre déléguée chargée des Outre-mer, s’est exprimée samedi soir dans plusieurs médias métropolitains, puis ce dimanche matin par communiqué.
« Ici, à Nouméa, la situation reste difficile mais nous reprenons du terrain (…) grâce aux forces de police, aux forces de gendarmerie qui font un travail vraiment très, très, très professionnel et qui nous permettent de récupérer un certain nombre de quartiers qui étaient jusque-là sous l’emprise des émeutiers », a expliqué Marie Guevenoux au micro d’Europe 1. « Au fur et à mesure que les jours passent, la situation sur Nouméa et sur son agglomération s’améliore, mais ça reste un environnement difficile avec des émeutiers qui ne veulent pas entendre les appels au calme et à l’apaisement malgré le fait qu’ils aient été formulés par les indépendantistes et dans le cadre du communiqué du FLNKS » publié samedi après-midi.
« Il y a des individus qui restent très radicalisés, et qui ne sont pas des militants politiques », assure-t-elle. Ce « sont en fait des individus qui, peut-être en prenant appui sur l’idée de l’indépendance, font du trouble à l’ordre public de façon très sérieuse, très violente (…) Il y a les forces politiques en présence qui, elles, ont fait un communiqué de presse qui prend acte de la démarche du président de la République, qui veut s’inscrire dans le dialogue, qui appelle à une forme d’apaisement. Et puis, de l’autre côté, il y a des individus sur les barrages qui ont probablement été instrumentalisés par des forces plus radicalisées et qui aujourd’hui ont du mal à rentrer dans le rang et à rentrer dans l’apaisement, et auxquels s’est agrégée une forme de délinquance d’opportunité. »
« Pas des militants politiques »
Marie Guevenoux s’est aussi exprimée devant la caméra de CNews, toujours samedi soir. « Ce qui se passe en Nouvelle-Calédonie, ce sont des émeutes, extrêmement violentes, qui peuvent ressembler au fond à ce qu’on avait connus en Hexagone l’année dernière, des émeutes urbaines avec des barrages constitués de carcasses de voitures et puis l’incendie d’entreprises, de commerces, avec des quartiers qui sont bloqués, dans lesquels les populations civiles d’ailleurs que prétendent défendre ceux qui tiennent les barrages sont victimes de ces émeutes puisqu’elles ne peuvent pas accéder aux soins, elles ne peuvent pas aller à l’école, elles ne peuvent pas travailler, elles vivent dans la peur des mouvements et cela quelle que soit leur origine et quelles que soient leurs convictions de l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie ou pas. »
La ministre déléguée aux Outre-mer ajoute : « ce ne sont pas des militants politiques, ce ne sont pas des responsables politiques qui tiennent des barrages, mais bien des profils de gens généralement plutôt jeunes, instrumentalisés, qui se sont radicalisés avec une délinquance d’opportunité ».
Quid de l’état d’urgence ?
« Sur le terrain, nous enregistrons, grâce au travail des forces de l’ordre (…), des bons résultats. » Hier, « nous avons repris un quartier, qui est celui de Kaméré. La situation reste difficile, mais au fur et à mesure nos forces de police et de gendarmerie progressent. »
L’état d’urgence, instauré depuis le matin du 16 mai, pour une durée de douze jours, est censé prendre fin dans la nuit de lundi à mardi. Cela sera-t-il possible ? « La levée de l’état d’urgence, le président de la République a dit qu’il y était favorable, mais qu’il y était favorable aux conditions qu’un appel à la levée des barrages, qu’un appel à l’apaisement soit fait par les différentes forces politiques et en particulier par les indépendantistes. » Marie Guevenoux a en ce sens trouvé du positif dans le « communiqué du FLNKS », qui « appelle à une forme d’apaisement (…) et puis qui valide le processus qu’a indiqué le président de la République lors de sa visite ».
Alors, levée ou non ? « Aujourd’hui, c’est compliqué de vous dire. D’abord, ce n’est pas moi qui prendrai la décision de lever l’état d’urgence. Aujourd’hui, ce que je peux vous dire c’est qu’en fin de journée on a eu des succès sur le terrain, qu’il faut analyser ça au jour le jour. Je pense que ce matin, vous m’auriez la question, je vous aurais dit que les conditions ne me semblaient pas réunies pour le lever. Maintenant, vu que la situation évolue au jour le jour, heure par heure, et qu’on reprend des positions avec des gros moyens, je ne peux pas vous dire précisément ce qui va être décidé », expliquait-elle samedi soir à CNews.
« Une minorité » bruyante
La ministre a conclu par ces mots, toujours sur CNews : « La situation ici en Nouvelle-Calédonie est à la fois difficile et ancienne (…) Les personnes qui sont radicalisées, d’un côté comme de l’autre, sont une minorité en Nouvelle-Calédonie » et « certaines de ces personnes qui sont radicalisées, instrumentalisent des gens finalement assez faibles, assez faibles parce que désœuvrés (…) parce que parfois en grande situation de précarité, anciens délinquants (…) pour alimenter ces discours-là. Mais la grande majeure partie des Néo-Calédoniens, qu’ils soient favorables ou non à l’indépendance, quelle que soit leur origine, croient à un destin commun et à une société commune. »
« Plusieurs initiatives politiques notables »
Quelques heures plus tard, tôt ce dimanche matin, Marie Guevenoux s’est exprimée par voie de communiqué. « La situation en Nouvelle-Calédonie demeure très difficile pour les habitants de l’île, en particulier dans le Grand Nouméa », écrit-elle. « Nous déplorons la mort d’une septième personne. Nos pensées vont à ses proches. L’État met tout en œuvre pour rétablir l’ordre, assurer la sécurité de nos concitoyens, grâce à l’action des forces de police et de gendarmerie, et permettre à chacun de retrouver des conditions de vie quotidienne normales aussi rapidement que possible », poursuit la ministre déléguée chargée des Outre-mer. « Dans le cadre du processus de désescalade que le président de la République a appelé de ses vœux lors de son déplacement en Nouvelle-Calédonie le 23 mai 2024, plusieurs initiatives politiques notables sont intervenues permettant d’avancer dans la voie tracée par le chef de l’État. Elles doivent désormais se traduire par la levée de barrages et le retour au calme dans les délais les plus brefs. »
« Renouer les fils du dialogue »
La ministre, en Calédonie depuis jeudi, et qui est censée repartir demain vers Paris, ajoute que « la mission de médiation et de travail, qui a été installée par le chef de l’État, a, pour sa part, commencé son travail d’écoute et de prise de contact dans le but de renouer les fils du dialogue politique avec un esprit d’ouverture et d’impartialité et avec la perspective de faire émerger les voies et les conditions d’un accord global avec les acteurs calédoniens. La poursuite de ce processus au profit de tous les habitants de la Nouvelle-Calédonie impose à chacun un esprit de responsabilité qui, seul, permettra de dessiner des voies d’avenir. »