Rencontre avec… Sonia Backes

Aide de l’État, fédération territoriale, visite parlementaire, discussions institutionnelles… La présidente de la province Sud revient sur les sujets d’actualité.

La voix du Caillou : Six mois après le début des émeutes, considérez-vous que la situation est résolue ?

Sonia Backes : Non, loin de là. Pour moi, le 13 mai a marqué une tentative de coup d’État avortée, mais qui a semé une violence extrême et a traumatisé une partie de la population calédonienne. Aujourd’hui, nous sommes passés à une phase plus insidieuse. Lors d’une visite récente à Conception, j’ai constaté les dégâts : une entreprise entièrement pillée et détruite. Et sur place, j’ai été insultée. Ce genre d’incident illustre bien que la crise n’est pas derrière nous. Au Mont-Dore, par exemple, les cambriolages se multiplient avec des méthodes de plus en plus organisées. La situation reste critique et répétitive. Je considère donc que ce n’est pas fini.

LVDC : L’État a porté la garantie de son prêt à 1 milliard d’euros (119 milliards de francs), remboursable en cinq ans. Est-ce une réponse adaptée ?

S.B : Ce prêt permet d’équilibrer les budgets à court terme, mais il est irréaliste de penser que nous pourrons le rembourser. Avec un taux d’endettement qui atteindra 650%, c’est une illusion. Nous exigeons qu’une partie de cette aide soit transformée en subvention pour éviter que la Nouvelle-Calédonie ne soit pas complètement naufragée. L’État évoque une conversion possible en subvention dans le cadre d’un accord institutionnel, mais une telle mesure devrait être prise dès maintenant pour alléger notre fardeau.

LVDC : Vous vous inquiétiez pour le budget 2025 de la province Sud auquel il manquait 17,8 milliards de francs pour être à l’équilibre. Êtes-vous rassurée par cette annonce ? La province Sud est-elle tirée d’affaire ?

S.B : Rien n’est certain à ce stade. Nous ne savons pas comment ce prêt d’un milliard va être réparti pour l’instant. Il n’y a pas d’annonce. Donc on est toujours en train de batailler pour avoir notre part de cette aide. Je ne peux pas dire aujourd’hui si ça permettra d’équilibrer le budget de la province. Nous aurons plus de visibilité dans les jours à venir. Il est possible que l’État contribue davantage, ou qu’il contribue moins que prévu. Malgré cela, nous sommes obligés de bâtir un budget, car son adoption est prévue pour le 12 décembre. Nous avons donc fait des hypothèses.

LVDC : L’usine du Sud a repris ses activités après six mois d’arrêt. Que représente cette réouverture ?

S.B : C’est une très bonne nouvelle qui redonne du travail à des centaines de familles. Cependant, le redémarrage de l’usine du Sud ne fait pas son sauvetage. Le prêt de l’État arrive à échéance en mars 2025. Pour assurer l’avenir de l’usine, elle doit retrouver rapidement son niveau de production d’avant le 13 mai et convaincre un éventuel repreneur. Nous restons donc dans une situation fragile où tout peut encore basculer.

LVDC : Concernant les troubles à Saint-Louis qui persistent, quelle est votre solution pour sécuriser la zone ?

S.B : La situation à Saint-Louis est un cycle perpétuel : arrestations, détentions, libérations et retour à la violence. L’État doit garantir la liberté de circulation et la sécurité des habitants, ce qu’il ne fait pas en réalité. Je considère que c’est à l’État de prendre ses responsabilités et d’agir. Plusieurs options sont envisageables : un mur de protection, un viaduc ou un couloir sécurisé. Le viaduc coûterait 50 milliards de francs, ce qui dépasse nos moyens. En revanche, le couloir sécurisé, valant 1 milliard, est déjà inscrit au budget 2025. Il serait cofinancé par la province et l’État. Au cas où l’État se désengage, la province le financerait en totalité.

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Propos recueillis par Béryl Ziegler

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