Les débordements et les émeutes ont continué dans la nuit de mardi à mercredi dans Nouméa et dans les communes alentours malgré l’instauration d’un couvre-feu. Les tensions qui pourraient perdurer alors que l’Assemblée nationale a adopté solennellement le projet de réforme constitutionnelle en faveur du dégel du corps électoral. Au moins deux émeutiers sont décédées ce mercredi.
Pour le deuxième jour de suite, la Nouvelle-Calédonie se réveille avec douleurs alors que de nouvelles émeutes ont éclaté durant toute la nuit. Malgré le couvre-feu mis en place par le haut-commissariat, entre mardi 18 heures et mercredi 6 heures, de nouvelles scènes de violence, de nouveaux incendies et de nouveaux pillages ont éclaté à Nouméa et dans les différentes communes du Grand Nouméa ces dernières heures. L’enseigne Decathlon à Dumbéa, le mur d’escalade de Magenta, l’église à Porte-de-Fer ont notamment été ravagés par les flammes durant la nuit.
Suivez le fil de la journée :
23h30 – Dans un communiqué, l’Élysée a également revu à la hausse le bilan de ces émeutes, faisant état de trois personnes décédées alors que l’Etat français a également confirmé qu’un gendarme avait été “très grièvement blessé”. Emmanuel Macron a “exprimé sa vive émotion”.
“Toutes les violences sont intolérables et feront l’objet d’une réponse implacable pour assurer le retour de l’ordre républicain.”
23h25 – À l’issue du Conseil de défense qui s’est tenu ce matin, Emmanuel Macron, le président de la République, a déclaré la mise en place de l’état d’urgence sur le Caillou. “Toutes les violences sont intolérables et feront l’objet d’une réponse implacable pour assurer le retour de l’ordre républicain”, a ajouté la présidence. Le chef de l’État a donc “demandé que le décret visant à déclarer l’état d’urgence en Nouvelle-Calédonie soit inscrit à l’ordre du jour du Conseil des ministres qui se réunira à 16h30 (dans la nuit de mercredi à jeudi pour nous)”, a-t-elle précisé.
23h10 – Un gendarme mobile a été grièvement blessé par balle à la tête ce mercredi alors qu’il opérait dans le secteur de Plum. Son pronostic vital est engagé.
19h45 – Un accord est-il en passe d’être trouvé ? L’Union Calédonienne (UC), l’Union Nationale pour l’Indépendance (UNI), l’Eveil océanien, les Loyalistes et le Rassemblement-LR ont publié un communiqué commun pour annoncer l’avancée des discussions. Alors que « les échanges se sont intensifiés ces dernières semaines, certaines formations politiques ou leurs représentants affirment aujourd’hui que des équilibres ont été identifiés et qu’un accord est possible ».
18h00 – Le couvre-feu, qui a été prolongé par le Haut-commissaire, est de nouveau en vigueur ce mercredi. Les déplacements sont donc interdits de ce mercredi soir (18 heures) à jeudi matin (6 heures).
16h10 – “Le mot d’ordre pour l’ensemble de la population et pour tous les émeutiers qui sont là par milliers et non par centaines, c’est l’apaisement. Ne constituons pas des milices contre ces émeutiers qui arrivent par centaines pour détruire et brûler, demande Louis Le Franc, le Haut-commissaire de la République lors d’une conférence de presse, qui lance un véritable appel au calme, quelques minutes seulement après les propos du président du gouvernement, Louis Mapou. Le représentant de l’Etat prévient également “que l’agglomération va bientôt manquer de nourriture.”
“Si l’appel au calme n’est pas entendu par tous, il va y avoir beaucoup de morts.”
15h55 – Louis Le Franc, le Haut-commissaire de la République, a annoncé le décès d’un premier manifestant. Il a confirmé qu’un “émeutier est mort suite à une blessure par balle”. Il ne s’agit pas d’un tir des forces de l’ordre, mais de quelqu’un qui a voulu se défendre“, indique le représentant de l’Etat, alors que deux autres personnes ont également été blessés. “La situation est insurrectionnelle, prévient Louis Le Franc. On est entré dans une spirale qui est mortelle. Si l’appel au calme n’est pas entendu par tous, il va y avoir beaucoup de morts.”
Au total, “47 gendarmes et 14 policiers ont été blessés lors des affrontements, a également annoncé le haussaire. 33 interpellations ont été réalisées dans le Grand Nouméa et 140 à Nouméa”.
13h25 – Sonia Backes, la présidente de la province Sud, a annoncé dans un communiqué qu’elle avait demandé au président de la République de déclarer l’état d’urgence sur le territoire calédonien. “Depuis 48 heures maintenant, la Nouvelle-Calédonie vit ses heures les plus sombres depuis les événements des années 1980”, explique-t-elle en préambule. “Sans une intervention massive et urgente de l’Etat, nous perdrons le contrôle de la Calédonie dans les prochaines heures, nous perdrons des vies qui ont été jusque là par miracle, épargnées, et la France perdra sa souveraineté sur cette île du Pacifique”, a-t-elle écrit, évoquant un “état de guerre civile”.
12h35 – C’est une des conséquences des nombreux incendies d’établissements et des voitures brûlées depuis quarante-huit heures. Alors que l’odeur de brûlé est présente dans de nombreux quartiers, l’association Scal’Air, qui surveille la qualité de l’air, a annoncé que certains quartiers sont désormais au stade de l’alerte rouge aux particules fines. Sur son site internet, l’association glisse certaines “recommandations” pour faire face à cette situation :
- Il n’est pas nécessaire de modifier les déplacements indispensables, cependant il est conseillé d’éviter les activités sportives en extérieur, surtout pour les enfants. Dans la mesure du possible, les compétitions sportives en extérieur doivent être reportées.
- Il est demandé aux parents et à tous les personnels s’occupant d’enfants d’être vigilants vis-à-vis de l’apparition de symptômes évocateurs (toux, gênes respiratoires…) et de ne pas hésiter à prendre un avis médical.
- Pour les personnes connues comme étant sensibles ou qui présenteraient une gêne à cette occasion : adapter ou suspendre l’activité physique en
12h20 – Dans un communiqué publié en fin de matinée, le maire de Dumbéa, Yoann Lecourieux, a adressé à ses administrés “un appel solennel au calme et à la prudence“. “Je comprends votre inquiétude et j’entends votre colère, mais la violence ne peut jamais être une solution. Ensemble, faisons preuve de solidarité et de responsabilité“, a déclaré le premier édile, demandant également aux parents et aux autorités coutumières de “ramener les esprits à la raison et nous permettre à tous de retrouver la sérénité“.
12h10 – Pour la deuxième nuit consécutive, la ville de Nouméa, mais aussi les communes alentours dans le Grand Nouméa, se sont enflammées alors que les déflagrations n’ont cessé de résonner durant de longues heures. Si certains quartiers se sont organisés en milice afin de protéger leur habitation et leur famille, les dégâts sont une nouvelle fois nombreux dans les rues nouméennes. Tour d’horizon, en images, dans les différents quartiers de la capitale.
11h50 – Après deux nuits d’émeutes, la mairie de Nouméa a publié un communiqué pour dénoncer “une situation gravissime” en raison des “dégradations des biens publics et privés, caméras de vidéoprotection saccagées, pillages et incendies qui détruisent le monde économique”. “Ces exactions sèment la peur chez tous les Nouméens dont certains sont isolés dans leurs quartiers. Le maire de la Ville et son conseil municipal leur apportent leur soutien plein et entier. La guérilla urbaine n’a jamais rien résolu. Cette situation ne saurait perdurer et nous en appelons au retour au calme. La raison doit l’emporter sur la colère. Ceux qui ont allumé le feu ne savent visiblement pas l’éteindre et force doit rester à la loi”, peut-on lire.
11h25 – Des actes de vandalisme ont également eu lieu à Maré, alors que “les bureaux et le matériel bureautique de la direction générale des services de Maré ont été saccagés la nuit dernière à La Roche”. “Dans le contexte de vive tension que nous traversons, il importe de rappeler que la provincialisation, acquis de notre combat politique, s’est inscrite dans notre objectif stratégique d’accès à la gestion des affaires de notre pays mais aussi de rééquilibrage de notre territoire provincial et d’émancipation générale de nos populations (…) En raison de ces actes de vandalisme que je condamne avec fermeté, les bureaux administratifs provinciaux de La Roche ainsi que les services annexes de Maré demeurent fermés au public à partir de ce jour, et ce, jusqu’à nouvel ordre”, a expliqué la province des Îles dans un communiqué.
11h00 – Les établissements scolaires sont une nouvelle fois fermés ce mercredi. “En raison de la situation toujours préoccupante et tendue dans Nouméa et l’agglomération, le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie souhaite informer la population que les établissements scolaires resteront fermés jusqu’à nouvel ordre”, explique le gouvernement dans un communiqué publié ce matin alors que certains établissements ont “subi des dommages”. “La rentrée se fera de manière progressive dès que les conditions seront réunies”, précise-t-il.
10h50 – Le courrier a été envoyé quelques minutes seulement après le vote solennel de l’Assemblée nationale. Dans une lettre adressée aux présidents des différents groupes qui composent le Congrès et aux présidents des mouvements politiques, le président de la République a de nouveau formulé l’invitation à Paris, déjà évoqué la veille. “Le Premier ministre et le ministre des Outre-mer fixeront une date dans les prochaines semaines, a-t-il expliqué. Dès à présent, ils se tiennent à votre disposition pour organiser votre venue à Paris et pour créer les conditions d’un dialogue qui engage les uns et les autres.” “Espérons que le FLNKS accepte cette énième main tenue et puisse stopper les violences. Car sans arrêt des violences le dialogue sera impossible”, a écrit Nicolas Metzdorf, en partageant le courrier de l’Elysée.
“Vous n’avez pas résistez pour rien”
9h45 – Peu après minuit en Métropole, soit peu après 9 heures en Calédonie, l’Assemblée nationale a adopté le projet de réforme constitutionnelle en faveur du dégel du corps électoral pour les élections provinciales. Après les sénateurs, les députés ont adopté le texte par 351 voix contre 153. “Vous n’avez pas résistez pour rien”, a salué Nicolas Metzdorf sur les réseaux sociaux.
La réforme devra encore réunir les trois cinquièmes des voix des parlementaires réunis en Congrès à Versailles, mais Emmanuel Macron a promis qu’il ne le convoquerait pas “dans la foulée” de ce vote, pour laisser une dernière chance aux discussions entre les parties locales.
7h00 – “Cette nuit a encore été très difficile mais l’arrivée des renforts d’une part et l’organisation des citoyens d’autre part a permis que les dégâts soient moins importants qu’hier. On compte des blessés parmi les émeutiers mais pas de morts, Dieu soit loué”, a réagi Sonia Backes, la présidente de la province Sud sur Facebook. Je veux saluer le sang froid, et le courage des citoyens qui se sont organisés pour protéger leur maison, leur famille, leur quartier. Sans perdre leurs nerfs malgré l’écœurement et la fatigue.
Dans ce même message, elle annonce également que le vote du projet de loi constitutionnelle devrait être fait à 8 heures (en Nouvelle-Calédonie). “Attendons nous à ce que les violences reprennent dans l’après midi, mais de gros renforts sont arrivés cette nuit et devraient permettre une réponse plus proportionnée”, a-t-elle poursuivi, appelant une nouvelle fois “au calme de part et d’autre jusqu’à ce qu’une solution politique soit trouvée”.
6h25 – Cette nuit aussi, peu avant minuit, une mutinerie a éclaté au Camp-Est. “Une nouvelle rébellion avec tentative d’évasion s’est déroulée au centre pénitentiaire de Nouméa, mise en échec par les forces de sécurité qui ont repris un complet contrôle de la situation”, a précisé le Haut-commissariat dans son communiqué.
Sur l’ensemble du territoire de la Nouvelle-Calédonie : l’interdiction de port et de transport d’armes ainsi que l’interdiction de vente d’alcool demeurent actives durant l’intégralité de la journée.