Dominique Solia coordonne le centre d’appel SOS Écoute, une initiative essentielle pour les habitants du territoire, particulièrement en cette période d’incertitude qui teinte le quotidien. Créé en 2013, ce centre vise à regrouper tous les numéros verts existants pour faciliter l’accès à une écoute anonyme et attentive.
Le centre SOS Écoute est une association à but non lucratif dans laquelle onze bénévoles, dont des psychologues et des éducatrices, offrent de leur temps. Travaillant par périodes de quatre heures, ces bénévoles, formés à l’écoute active, sont capables de reconnaître divers états de mal-être, y compris les tendances suicidaires. Les appels sont anonymes, tant pour les écoutants que pour les appelants, et durent généralement entre vingt minutes et une heure et demie.
Avant les événements du 13 mai, le centre était ouvert de 9 h à 21 h du lundi au samedi, et le dimanche matin. Depuis les troubles, les horaires ont été étendus jusqu’à 1 h du matin ainsi qu’au dimanche après-midi. Dominique Solia explique : « Depuis le 13 mai, nous avons vu le nombre d’appels augmenter de 150 à 200 % par moments, surtout au début. Il y a une grande détresse psychologique et une santé mentale fragilisée. » Le centre reçoit également de nombreuses demandes d’aide alimentaire et administrative, représentant environ 22 % des appels quotidiens. Des liens ont été établis avec les groupes de solidarité citoyenne pour répondre à ces besoins, surtout depuis l’arrêt de l’aide alimentaire par la province Sud.
Violences intrafamiliales et traumatismes
Pendant la première période des événements, les appelants cherchaient principalement à se mettre en sécurité et à se nourrir. « Une fois qu’on est en sécurité et qu’on a mangé, on peut laisser la détresse éclater, et on sait qu’elle ne fait que commencer », note Dominique. Les violences intrafamiliales, bien présentes, n’étaient pas la priorité initiale des écoutés, alors qu’elles se repositionnent au centre des inquiétudes avec le temps. Les traumatismes liés aux événements ont également émergé progressivement. « Au début de l’insurrection, les gens ne mesuraient pas encore le degré de traumatisme auquel ils étaient confrontés. Cela est venu au bout de quelques semaines », explique Dominique. Il y a un manque de perspective et d’avenir ressenti dans la population depuis les événements
Sans jugement
Le principal objectif de cette ligne est d’aider les personnes en détresse à retrouver leur équilibre et leur élan. L’anonymat est crucial pour offrir une écoute sans jugement, permettant aux appelants de se décharger de leurs angoisses. « Beaucoup de figures familiales n’osent pas craquer devant leurs proches, et le font avec nous », précise Dominique.
Les appels se terminent uniquement lorsque la personne se sent mieux. Un réseau d’entraide, comprenant des psychologues volontaires, s’est mis en place pour renforcer les équipes, offrant un soutien formidable.
Il est possible de passer un appel anonyme et gratuit à SOS Écoute, au 05 30 30.
Margaux Lorenzini