Claire Masson, directrice d’établissement, et Alexandre Mirault, directeur de l’agence de la Sic à Magenta et référent séniors à la Sic, supervisent les Cerisiers bleus, une résidence pour séniors autonomes à Nouméa. Cette résidence, qui n’est pas un EHPAD, héberge actuellement 108 personnes âgées de plus de 60 ans et affiche complet. De nouveaux résidents sont d’ailleurs attendus dans les prochaines semaines.
Depuis le début de la crise insurrectionnelle qui secoue la région, des rumeurs infondées ont circulé sur les réseaux sociaux, prétendant un manque de nourriture et de provisions au sein de l’établissement. Ces rumeurs se sont révélées fausses. Les résidents des Cerisiers bleus ont été pris en charge depuis le début de la crise, grâce à la solidarité des associations et des bénévoles. Personne n’a jamais manqué de rien.
Mesures de soutien et solidarité
Les résidents bénéficient habituellement des services de livraison de repas de La Casserolette. En réponse à la crise, des dons alimentaires de la Banque Alimentaire de Nouvelle-Calédonie (BANC) et du Haut-commissariat, incluant des plats surgelés et des rations militaires, ont été fournis.
La solidarité des familles et des habitants du quartier a été exemplaire durant les deux premières semaines de la crise, assurant des livraisons régulières de nourriture. Les services de repas La Niçoise et Aquavena ont également été parmi les premiers à faire des dons. Une résidente témoigne : « C’était vraiment bienvenu, et j’ai même gardé les barquettes des rations militaires, les raviolis étaient bien meilleurs que ceux qu’on trouve dans le commerce ». Une autre résidente nous confie : « J’entends encore beaucoup de bruit la nuit, je me réveille souvent, et l’après-midi j’ai du mal à faire ma sieste quotidienne, mais je sais qu’on est vraiment en sécurité ici, et que la bienveillance règne ».
Pour faciliter les courses, un service de navette avec des bénévoles de la Croix-Rouge a été mis en place. Lorsque les résidents ne pouvaient pas se déplacer, la directrice, Claire Masson, se chargeait elle-même des provisions. L’établissement a assuré la distribution équitable des dons alimentaires, permettant à tous les résidents d’en bénéficier.
Le personnel de la résidence a dû compenser l’absence de certains salariés, et durant la première semaine de la crise seuls la directrice, le directeur territorial de la Croix-Rouge, et l’infirmière coordinatrice étaient présents sur place.
La direction envisage de créer des groupes de parole pour aider les résidents à gérer le stress et l’angoisse.
Malgré l’isolement et la fatigue qui affectent tout le monde, les résidents font preuve d’une résilience et d’un optimisme remarquables, selon Claire Masson et Alexandre Mirault. Aucun service de secours n’a été nécessaire pour des manifestations majeures d’angoisse, bien que la fatigue se fasse sentir. Des adaptations ont été nécessaires pour les rendez-vous médicaux, et une intervention d’urgence n’a pas pu être transférée au Médipôle. Cependant, les interventions médicales et la prise en charge des ordonnances ont été rapides et efficaces.
Reprise des activités et vie communautaire
Les activités comme l’art-thérapie, la gym douce et l’atelier mémoire (animé par un psychologue) ont repris, ainsi que les lotos, goûters d’anniversaire et prestations de chorale. Le café-causerie, organisé le premier jeudi de chaque mois, a eu lieu avec la participation de la Sic pour échanger avec les résidents et répondre à leurs préoccupations.
Les résidents témoignent de leur bien-être malgré l’angoisse et les nuits souvent agitées à cause des troubles nocturnes. Ils expriment leur gratitude de pouvoir se sentir en sécurité et de se retrouver entre eux.
Accessibilité compliquée
Lors de mon déplacement pour rejoindre les Cerisiers bleus, jeudi en début d’après-midi, j’ai été victime de jets de pierre au niveau du rond-point de l’OPT de Tuband. Ces projectiles ont endommagé ma voiture, et des gestes menaçants, imitant des tirs d’arme à feu, ont été dirigés vers moi. Bien que déstabilisantes, ces exactions n’arrêtent en rien la volonté journalistique de rendre compte de la situation et de témoigner des réalités vécues, ici celle des résidents des Cerisiers bleus. La structure illustre la capacité d’adaptation et la solidarité en période de crise, offrant un soutien essentiel aux résidents tout en maintenant une ambiance de communauté et de sécurité.
Margaux Lorenzini