La Nouvelle-Calédonie en état de catastrophe économique

Fin connaisseur de l’économie calédonienne, de ses rouages et fonctionnements, l’économiste Olivier Sudrie a fait réaliser par son cabinet (Cabinet DME) une première étude d’impact des violences et destructions orchestrées par la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT).

Il a fallu lire et relire le document dont nous nous sommes procurés une copie, pour se convaincre de la réalité des chiffres, tant la catastrophe est d’ampleur. Et encore, il est bien spécifié que la crise n’est pas terminée et que l’intégralité des dégâts n’a pas encore été recensée. Par ailleurs, l’étude ne porte que sur le secteur marchand, à l’exclusion du nickel, de l’agriculture, de l’immobilier, des finances et de l’énergie.

Des milliers d’emplois détruits

Selon le cabinet DME, le nombre total d’emplois directs ou indirects menacés est compris entre 18 000 et 36 000 ! Les salariés des entreprises concernés vont bénéficier du chômage partiel : sur ce point, le montant total des indemnités se situe dans une fourchette comprise entre 17 milliards de francs et 34 milliards. En tout état de cause, cela se traduira pour les salariés concernés par une perte de revenus d’environ 60 %. Et par ailleurs, on sait que la CAFAT n’a aucunement les moyens d’assumer seule le versement d’indemnités d’un tel montant. Cela va donc avoir un impact fort sur la consommation, dont la baisse est évaluée à 30 milliards de francs, soit entre 4 et 8 % de la consommation totale des ménages calédoniens.

Les risques collatéraux

Cette destruction de centaines d’entreprises et de milliers d’emplois, cela aura bien sûr un impact fort sur les régimes sociaux déjà très fragilisés. En effet, au versement des indemnités du chômage (total ou partiel), il faut ajouter la perte des cotisations sociales des entreprises qui ont tout perdu. Cette baisse est estimée à une somme comprise entre 22 et 44 milliards de francs, mais il faudra y ajouter la perte des cotisations patronales des entreprises qui devront réduire leurs activités, et donc leurs emplois, suite aux impacts indirects et induits des violences.

Autre dommage collatéral : celui de l’impact sur les budgets des institutions qui vont connaître des baisses drastiques pour cause de perte de recettes budgétaires. Ce qui va amplifier la baisse de l’activité.

La reconstruction ?

Le cabinet Sudrie estime qu’il faudra dix-huit mois pour tout reconstruire, si le taux de destruction est de 30 %, mais cinquante-quatre mois si le taux de destruction de l’outil économique est de 60 %. Dans ces conditions, plus vite on peut opérer la reconstruction, et moins les impacts de la destruction de l’économie seront forts. Mais de nombreuses questions se posent concernant la reconstruction.

D’abord, quelle est la capacité actuelle du BTP en Nouvelle-Calédonie, secteur touché à la fois et depuis longtemps par la crise économique et maintenant par les destructions de locaux et d’engins ? Ensuite, on ne peut exclure le fait que de très nombreux chefs d’entreprise ayant tout perdu ne reprennent aucune activité : « ils pourraient être incités à ne pas reconstruire l’appareil de production », souligne le Cabinet DME, « ce qui aurait alors de très lourdes conséquences sur les trajectoires de croissance à moyen terme ». Et puis, il y aura le rôle des banques.

Ça coûtera entre 150 et 300 milliards

Le cabinet DME a pris en compte l’hypothèse haute d’une reconstruction de l’outil économique à l’identique de ce qu’il était avant le déchaînement des violences de la CCAT. Dans un tel cas, le montant des investissements à réaliser est estimé entre 150 et 300 milliards de francs. Une partie des dommages sera couverte par les assurances, mais l’autre partie ne pourra être assurée que par l’emprunt, et ne pourront emprunter que les entreprises qui le peuvent, évidemment. Or, les banques non plus ne sortent pas indemnes du chaos.

Et les crédits ?

Selon le cabinet Sudrie, les banques pourraient provoquer ce que l’on appelle un « credit crunch », c’est-à-dire un resserrement du crédit, une réduction soudaine de la disponibilité générale des prêts ou des conditions requises pour obtenir un prêt auprès des banques, ce qui affecterait notamment les petites et moyennes entreprises, qui constituent l’essentiel du tissu économique calédonien. Le cabinet évoque également un risque de « répression financière », qui se manifeste par la prise par les pouvoirs publics de mesures de restriction et de régulation de l’activité financière, comme la fixation administrative des taux d’intérêt.

Ce sont là les grands points de cette étude. Quelle en est la réalité ? Difficile d’y répondre. Ce dont on est sûr, en revanche, hélas, est qu’un coup quasi fatal a été donné à l’économie calédonienne. L’étude, qui plus est, ne prend pas en compte la situation des entreprises qui n’ont été ni détruites ni pillées, mais qui se trouvent néanmoins dans une situation extrêmement difficile et dont la visibilité n’excède pas quelques jours ou semaines. Ainsi, pour nombre d’entre elles se posent la question du paiement des prochains salaires !

N.V.

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