Dégel : « un texte qui répond à une nécessité juridique et démocratique »

La Mission d’information sur l’avenir institutionnel des Outre-mer vient de rendre, au nom de la délégation aux Outre-mer, son « rapport d’étape sur la situation en Nouvelle-Calédonie ».

Cette mission, qui est venue mi-mars sur le territoire, est composée de quatre députés : Davy Rimane et Tematai Le Gayic, membre du Groupe Gauche Démocrate et Républicaine, du député Renaissance Guillaume Vuilletet et du LR Philippe Gosselin. Ils ont rendu un rapport de 35 pages, dans lequel, précisent-ils, « les rapporteurs ne demandent ni ne souhaitent le retrait du texte qui répond à une nécessité juridique et démocratique admise et reconnue ». Toutefois, ajoutent-ils, « ils s’interrogent sur la possibilité d’une temporisation de quelques mois avant que soit convoqué le Congrès du Parlement, quitte à modifier la loi organique adoptée le 18 mars 2024 portant report du renouvellement des élections provinciales ». En clair, ils prônent un oui au dégel, mais pas maintenant.

Quelques vérités

Si l’on peut noter, pour le regretter, que la plupart des interlocuteurs auditionnés par la mission, et cités dans le rapport, soient des membres du FLNKS, de Calédonie Ensemble et de l’Éveil Océanien, à l’exception de Georges Naturel, ce rapport souligne cependant quelques vérités. C’est en particulier le cas en ce qui concerne les accusations « d’immigration massive » portées par les indépendantistes contre le projet de loi de révision constitutionnelle actant le dégel du corps électoral. Le rapport de la mission souligne ainsi que, « il se pourrait bien que le débat sur le dégel du corps électoral ne soit que le révélateur d’un mal-vivre qui conduit, loin d’une immigration massive, des milliers d’habitants à quitter chaque année leur territoire dans un contexte morose ».

Et ce constat est détaillé par la mission : « à rebours d’une ‘’immigration massive’’ imaginée », dit ainsi le rapport, « la Nouvelle-Calédonie connaît donc depuis plusieurs années déjà une baisse de sa population consécutive à une émigration bien réelle. Lassés d’une situation politique chaotique qui laisse peu de vision pour investir ou se projeter dans l’avenir, un certain nombre d’acteurs économiques ont déjà fait le choix de quitter la Nouvelle-Calédonie pour tenter leur chance ailleurs: dans l’Hexagone pour certains, mais plus sûrement en Australie, en Polynésie française ou dans les autres territoires régionaux. Beaucoup de ces partants sont des ‘’occidentaux’’ non originaires de Nouvelle-Calédonie et souvent privés du droit de vote aux élections provinciales. Mais certains émigrants sont aussi des Kanaks, parfois cadres et bien formés, qui n’ont plus confiance en l’attractivité et donc en l’avenir du territoire. » Le rapport consacre un chapitre à ce qu’il dénomme « le sentiment d’une immigration massive » et cède la parole à un certain nombre de responsables indépendantistes, comme au président du Sénat coutumier. Tous réaffirment l’argument selon lequel le dégel du corps électoral va conduire donc à une « immigration massive » dont la finalité serait « la mort du peuple kanak ».

« Le seuil de tolérance des Blancs est déjà atteint »

Ce qui stupéfait, et peut-être a interloqué certains membres de la mission, c’est la teneur des propos, en particulier ceux de Roch Wamytan qui, s’interrogeant sur le fait de savoir si « Macron est-il en train de recoloniser la Nouvelle-Calédonie ? », conclut que « le seuil de tolérance des Blancs est déjà atteint ». Autre commentaire, cité par le rapport, celui de Dominique Fochi, secrétaire général de l’UC, qui déclare aux missionnaires : « Au Sénat, les élus parlent d’exigence démocratique. Mais maintenir la colonie de peuplement en Kanaky, est-ce une exigence démocratique ? On ne peut pas, aujourd’hui, continuer à rendre minoritaire le peuple premier dans son propre pays et laisser des parlementaires qui ne vivent pas ici décider de notre avenir ». Mais surtout – et c’est cité mot pour mot dans le rapport – les représentants de ce parti (ndlr : l’UC) ont aussi déclaré aux rapporteurs : « On ne touche pas au corps électoral car on ne peut pas noyer la population néo-calédonienne. Si vous touchez au corps électoral, ce sera la guerre. Nos jeunes sont prêts à y aller. S’il faut en sacrifier 1 000, on le fera. »

En conclusion, on notera que les élus d’extrême gauche Davy Rimane et Tematai Le Gayic voteront contre l’adoption du projet de loi, tandis que Philippe Gosselin et Guillaume Vuilletet voteront pour à l’Assemblée nationale et au Congrès.

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