« Ouh là, y’a du bleu là ! » La remarque, instinctive, quasiment un cri du cœur (ou de peur), sort de la bouche d’un ouvrier de chantier, un peu avant 7 h hier à l’Anse-Vata. L’homme au gilet jaune, au casque blanc et à « lassen » du sud de la France, ne parle pas de la couleur du lagon qui lui fait face, plutôt du bleu de l’uniforme des policiers et des gendarmes mobiles placés à mi-distance entre lui et ce lagon dans lequel il ne pourra, de toute façon, pas poser les orteils ce jour-là, car la zone est fermée, condamnée, le temps que se déroule la 10e édition de la Conférence des ministres de la Défense du Pacifique Sud. Cela donnait, hier, et sans doute encore ce matin, un paysage étrange, presque désolant : une avenue magnifique, récemment rénovée mais quasiment désertée (hormis quelques promeneurs ou coureurs, autorisés à passer en restant le plus loin possible de la CPS), alors qu’il fait un grand soleil. On imagine un touriste (ou même un Calédonien) arrivant hier à l’Anse-Vata sans être au courant de l’événement… Quelle (mauvaise) surprise ! Il aura peut-être, alors, été tenté d’aller faire un tour dans le centre-ville. Et là, il est tombé, à plusieurs coins de rue, sur des hommes armés, déployés pour surveiller et protéger, évidemment, mais rappelant par leur présence que le monde n’est pas peuplé que de personnes bien intentionnées. Tout cela un 5 décembre. Dans ce contexte, Noël et sa magie nous paraissent si lointains… alors que c’est après-demain ! Après la venue de trois ministres français en deux semaines, il est grand temps que les choses reprennent leur cours normal. On serait triste d’apprendre que le père Noël a besoin d’un badge pour faire passer son traîneau sur l’Anse-Vata.
Anthony Fillet