Du 1er au 6 août avaient lieu les Journées mondiales de la jeunesse, ou JMJ, à Lisbonne, au Portugal. Pas moins d’1,5 million de personnes étaient réunies lors de cet évènement catholique adressé aux jeunes.
Parmi toutes ces personnes, une délégation de 45 Calédoniens, dont Narcisse et Bocë, pour qui ces JMJ étaient les premières. « Pour moi, c’était la suite logique après avoir vécu depuis plus de 10 ans plusieurs rassemblements au niveau du Diocèse, comme le rassemblement de Téné, explique Narcisse. Il est arrivé un moment où j’avais besoin de savoir si je pouvais avoir plus de joie, plus d’amour… ».
Une délégation multicolore
La délégation du Diocèse de Nouméa était composée d’habitants du sud, du nord et des îles, et de toutes les communautés ethniques et culturelles du territoire. « Nous avons travaillé ensemble depuis 2016, et ce n’était pas facile car nous avons connu le Covid et les trois référendums, rappelle Narcisse. Dans n’importe quel groupe, ça aurait peut-être apporté des tensions, mais pas chez nous. Ce sont nos différences qui nous rapprochent. En France et au Portugal, quand les gens nous voyaient, ils se demandaient d’où on venait parce qu’on était complètement différents : il y avait des tahitiens, des caldoches, des mélanésiens, des wallisiens… À chaque fois, on devait expliquer pourquoi on était si différents, et c’était un plaisir et une fierté de l’expliquer ».
« Le monde de demain, c’est la jeunesse d’aujourd’hui »
« Les JMJ permettent de mettre Jésus, sa vie et son existence au cœur de la vie des jeunes, explique Narcisse. D’autant plus que la jeunesse d’aujourd’hui n’est pas simple, surtout dans notre pays. Grâce aux JMJ, on peut rencontrer des jeunes de différents pays, échanger sur ces problématiques communes, et ainsi, trouver de nouvelles solutions pour notre pays. L’objectif, c’est de se rencontrer, de s’auto-élever, et prendre conscience que le monde de demain, c’est la jeunesse d’aujourd’hui. Hormis le contexte religieux, ce genre de journée est une belle expérience de vie parce que ça te montre à quel point, par la force des choses, tu vas vers ton prochain. Tu es dans une atmosphère où tout est propice à l’échange. Tout le monde te dit bonjour, qu’importe la langue. On fait attention, non seulement à soi, mais aussi à celui à côté de nous ».
Une organisation millimétrée
Si les JMJ se tiennent du 1er au 6 août, elles sont précédées par une semaine durant laquelle les différents diocèses se rencontrent et se préparent. « Nous sommes partis pour 24 jours, décrit Narcisse. Nous sommes d’abord passés en France, puis nous avons participés au Festival Welcome to Paradise à Portimao, dans le sud du Portugal, organisé par la communauté catholique du Chemin-Neuf. Ensuite, nous sommes arrivés à Lisbonne ». « À Portimao, il y avait des conférences, du sport, des animations… Tout cela basé sur des échanges et du partage, précise Bocë. Nous avons assisté à de nombreux témoignages très inspirants, par rapport à des situations vécues ou des épreuves traversées ». Avec autant de jeunes rassemblés au même endroit, pas le droit à l’erreur niveau logistique et organisation. « L’organisation était incroyable, souligne Narcisse. On a vraiment senti que c’était la nation au complet qui était mobilisée pour pouvoir organiser cela ». « C’était magnifique, renchérit Bocë. Sans aucun doute, il y a eu un énorme travail fourni dans l’organisation et la logistique ». Les organisateurs regroupent ceux qui parlent la même langue, afin de faciliter les échanges. Ainsi, le Diocèse de Nouméa a été affecté à la ville d’Almeirim, avec notamment le Diocèse de Tarbes et Lourdes, le Diocèse d’Annecy et le Diocèse de Normandie. « Chaque jour, nous avions un petit programme, décrit Narcisse. Le matin, il y avait un petit temps de catéchèse avec les autres Diocèses, durant lequel on débattait sur plusieurs thématiques comme l’amitié sociale, l’écologie intégrale, ou la manière dont devenir missionnaire de Dieu. Le midi, c’était la messe, et l’après-midi, on se rejoignait pour différentes activités ».
Se retrouver pour trouver les réponses
Au-delà de la religion, les JMJ sont l’occasion de rencontrer des jeunes issus de plein de milieux différents tout autour du globe. « J’étais heureux de voir des jeunes de partout dans le monde avec la même foi, les mêmes prières dans différentes langues, se réjouit Bocë. D’ailleurs, je suis resté bouche bée devant le nombre de personnes présentes ». « C’était la première fois que je me déplaçais hors Pacifique, explique Narcisse. Quand on va à un rassemblement, on y va pour chercher quelque chose qui pourrait nous servir dans notre vie. Si on a des questions par rapport à nous, à notre religion ou à notre existence, on va à un rassemblement et on demande des réponses. A contrario, s’il y a des choses dans notre vie dont on souhaite se débarrasser, on va à un rassemblement et on les dépose. Je suis quelqu’un de très extraverti, je n’ai pas peur d’exprimer ma foi. Dans notre pays, la critique est facile, donc nous ne sommes pas nombreux à être expressifs, on se sent un peu seuls. Quand tu arrives dans un endroit où il y a autant de personnes qui expriment leur foi comme jamais… Je me sentais à ma place. C’était une expérience fabuleuse, que je revivrais et que je recommande ».
Faut-il être croyant pour participer aux JMJ ?
La réponse est non. « Si l’envie te vient, viens. C’est comme un appel, explique Narcisse. Dieu, par ses fidèles et sa parole, appelle les gens par différents canaux. Si une personne prend connaissance d’un rassemblement, par exemple sur les réseaux sociaux, et s’y intéresse, se demande ce que c’est, elle peut tout à fait venir. On a eu la chance de partir en délégation diocésaine, mais beaucoup participent via différents groupes, certains viennent en famille, ou en couple. J’ai eu la grâce de rencontrer un jeune de Samoa qui est venu tout seul. Il n’y a pas de frein ». D’ailleurs, même si les JMJ sont un évènement catholique, toutes les églises étaient représentées. Ils sont trois à être protestants dans le Diocèse de Nouméa, dont Bocë. « En tant que protestant, je ne venais pas spécialement pour voir le Pape, explique-t-il. Je venais découvrir l’amour de Dieu, et je l’ai vécu là-bas ». En bref, pas besoin d’être catholique…ni croyant tout court, d’ailleurs. « J’ai parlé avec un français qui n’était pas croyant, raconte Bocë. Il est venu aux JMJ pour voir, parce que ça l’intéressait. Que l’on soit croyant ou non, de différentes confessions, on peut y participer. Même si l’on vient juste pour découvrir… c’est déjà un appel ».
2027, Séoul
Les prochains JMJ auront lieu en 2027 à Séoul en Corée du Sud. « Et j’y participerai ! se réjouit Narcisse. Quand tu goûtes quelque chose, et tu trouves ça excellent, tu veux en reprendre… À tous ceux qui se posent des questions, qui s’intéressent à cet évènement, n’hésitez pas, allez-y, et vivez-le » conclut-il.
Kim Jandot