Du pétrole en Calédonie ? Les anciens en parlaient. Il existe même une baie, près de la baie de Sainte Marie, qui porte le nom de Baie des pétroles. Hélas
Alors que de nombreux métaux ont été progressivement découverts en Nouvelle-Calédonie, pourquoi pas, aussi, du pétrole ? C’est l’or, d’abord, qui enflamme les esprits. Il est présent dans le nord de la Grande Terre, mais c’est surtout la découverte du gisement de Fern Hill, près de Ouegoa, qui permet d’ouvrir une mine. Entre 1873 et 1900, 200 kilos du précieux métal sont extraits. Entretemps, d’autres découvertes révèlent la richesse minière du lointain territoire. Le nickel, bien sûr, associé au cobalt. Du cuivre, dans la basse vallée du Diahot, du chrome, au Mont Dore et à Nakéty, avant le gigantesque gisement de Thiébaghi. 3,3 millions de tonnes d’une chromite d’une teneur de 54% ! Le fer, lui est dans le sud. Contenu dans la cuirasse latéritique, il est exploité à Goro, puis dans la baie de Prony. Alors devant tant de potentiel, pourquoi pas du pétrole ? Nous sommes au début du siècle dernier. Jean-Baptiste Dézarnaulds est persuadé que du pétrole est présent sur sa propriété
du Ouen Toro, et plus précisément, sur le bas de la colline, vers l’hippodrome. Il y a constaté la présente de traces de ce qui pourrait être du fabuleux or noir.
Un forage à la hauteur de l’ancien restaurant « La Rotonde »
Pour les géologues, si aucune certitude existe, la configuration des couches géologiques calédoniennes ne rend pas impossible la présence de pétrole. Une société australienne en est persuadée. Tellement, d’ailleurs, qu’en 1908, un navire en provenance du Queensland, débarque tout le matériel destiné à un forage. Un ingénieur canadien va superviser les opérations. Les trépans et la foreuse sont installés à l’endroit de Val Plaisance, connu des Nouméens pour avoir hébergé le restaurant « La Rotonde », tenu par Pierre Lombard. Après une cérémonie empreinte de solennité et d’espoir, le forage est lancé le 3 septembre. La foreuse va s’enfoncer dans les entrailles de qui deviendra Val Plaisance jusqu’au 8 novembre. A cette date, un liquide est révélé … mais ce sera l’eau d’une petite nappe phréatique. Le forage se poursuit. À 320 mètres, ce sera un peu de gaz, et à nouveau de l’eau. L’ingénieur ne se décourage pas. Il fait poursuivre le sondage jusqu’à 750 mètres, une profondeur respectable atteinte en 1911. Et en vain. Fin de cet épisode.
Suintement d’hydrocarbure à la Baie des Pétroles ?
On peut aussi évoquer la Baie des Pétroles, située un peu avant la « Côte Blanche ». Quelques traces, à la surface de l’eau, avaient laissé croire que de l’hydrocarbure suintait au fond de l’anse. Mais point de pétrole. Juste le nom qui demeure : la baie des pétroles. Dans les années 1990, le gaz et le pétrole ont de nouveau suscité l’intérêt des chercheurs. Selon eux, la Nouvelle-Calédonie possède, au niveau des sous-sols de son domaine maritime, un haut potentiel de présence d’hydrocarbures, aussi bien en pétrole et en gaz. Depuis le début des années 2000, plusieurs campagnes de sondages sismiques ont été lancées. Elles ont révélé effectivement un fort potentiel de gisements de gaz, et peut être d’hydrocarbures, à l’ouest de Bourail. Cette dernière région, du reste, avait elle-même fait l’objet d’espoirs, concrétisés par des sondages, qui se sont révélés infructueux. Quant aux éventuelles perspectives de réserves piégées au fond de l’Océan, dans la zone économique de la Nouvelle-Calédonie, l’instauration du Parc de la mer de Corail, et le moratoire sur toute intervention dans la zone à caractère économique, ont mis durablement un couvercle sur une possibilité de découverte, voire d’exploitation de gaz ou de pétrole. Mais peu importe, puisque le territoire, dans moins de 15 ans, sera énergétiquement autonome. Du moins aujourd’hui, dans les cartons.