Hier, la séance collégiale hebdomadaire du 18e gouvernement a été annulée. Cela n’a pas plu aux cinq membres indépendantistes de l’exécutif, qui l’ont fait savoir avec force.
Ils ont exprimé leur colère par écrit, à travers un communiqué diffusé hier en milieu d’après-midi. Ce long texte est signé par Adolphe Digoué, Mickael Forrest, Gilbert Tyuienon, Claude Gambey et Samuel Hnepeune.
« Avec l’absence de quatre membres du gouvernement, dont le président, sur les six de la majorité non indépendantiste qui a pris la responsabilité de s’accaparer le gouvernement, les conditions n’étaient plus réunies pour que la séance du gouvernement de ce mercredi 11 juin 2025 se tienne normalement », est-il indiqué en introduction. « Alors que la Nouvelle-Calédonie continue de faire face à une situation économique et sociale extrêmement sensible, où une part importante de la population calédonienne se débat pour maintenir des conditions de vie dignes, il n’est pas justifiable que les membres de la majorité s’absentent hors du pays pendant des semaines pour des motifs tout à fait secondaires », est-il dénoncé. « Dans un contexte aussi difficile, comment justifier qu’au cours des cinq mois d’existence du 18e gouvernement, le président aura cumulé plusieurs semaines d’absence ? Que faute de la présence des membres de la majorité, plusieurs réunions du gouvernement n’auront pu se tenir ? Faut-il rappeler que parmi les motifs pour faire chuter le 17e gouvernement, les groupes politiques de cette majorité invoquaient l’impérative nécessité d’être réactif et d’impulser une dynamique qui contribuera à sortir notre pays de la crise ? », s’interrogent les cinq membres non-indépendantistes du gouvernement.
« Irresponsable »
« Force est de constater que les réformes indispensables au rétablissement du pays n’avancent guère, que trop de place est laissée aux effets d’annonces, au détriment de véritables décisions au bénéfice de nos populations. Force est de constater que ceux qui appelaient à une gestion rigoureuse des crédits publics ne se l’appliquent pas et négligent la collégialité. Alors qu’il incombe aux institutions calédoniennes de mettre en place un vrai plan de réformes pour rétablir les finances publiques et d’asseoir la crédibilité de la Nouvelle-Calédonie auprès des organismes prêteurs et face aux exigences de l’État, les membres de la majorité préfèrent-ils s’expatrier pour faire simplement acte de présence dans des colloques à l’extérieur ? », questionnent-ils encore. « Ce comportement peut être qualifié d’irresponsable au moment où doit se tenir ce jeudi 12 juin un séminaire au Congrès de la Nouvelle-Calédonie pour étudier le plan de réformes fiscales et sociales du pays », concluent les cinq élus indépendantistes, dont certains sont visiblement en pleine reconversion, se voulant policiers après avoir, l’an passé, avant le déclenchement des émeutes, joué dangereusement avec le feu.
Nul doute que ces prochaines heures ou ces prochains jours arrivera une réponse salée de la part des membres non-indépendantistes de ce 18e gouvernement, au sein duquel l’ambiance, bien qu’elle n’ait jamais été bouillante, semble s’être nettement refroidie.
Anthony Fillet