Rencontre avec… Claude Gambey

Le membre du gouvernement en charge de la santé est à pied d’œuvre pour pallier le déficit de soignants. Il préconise aussi un changement de logiciel en matière d’offre de soins. Aperçu de ses positions.

LVDC : Il y a une dizaine de jours, un homme de 46 ans est décédé d’une crise cardiaque devant l’hôpital de Koumac, faute d’accès à la salle de déchoquage. Quelle est votre réaction?

J’ai déjà eu l’occasion de m’exprimer dans les médias pour présenter les condoléances du gouvernement à la famille. C’est très triste, d’autant que je connais bien les gens du Nord. Mais il faut relativiser : on ne connaît pas l’histoire de la maladie de la personne. Mourir à 46 ans d’un infarctus, cela peut traduire un terrain médical préexistant. Il faut interroger les sachants – urgentistes, cardiologues – avant de tirer des conclusions hâtives. Et ce n’est pas parce qu’on a accès à une salle de déchoquage qu’on peut forcément sauver une vie. Il faut aussi de la pudeur. On parle d’une perte, d’une famille endeuillée. Il faut savoir se tenir. J’insiste sur cette nécessité d’investiguer et d’objectiver. Et de demander au sachant. Parce que là, j’ai l’impression qu’on veut faire du sensationnel. On peut avoir des hôpitaux luxueux, mais sans soignants, ça ne fonctionne pas. C’est ça, la réalité. Et il faut se demander comment on en est arrivés là.

LVDC : Selon vous, justement, comment en est-on arrivé à cette pénurie médicale?

Il y a une multitude de facteurs qui expliquent cette situation. C’est ce qu’en arithmétique on appellerait une suite logique. Les événements de 2024 ont accéléré les choses, mais la tendance existait déjà avant. La pénurie est nationale et même mondiale. La France a commencé à recruter des médecins étrangers dès 1998, un mouvement renforcé en 2010. Aujourd’hui, 30 000 médecins étrangers sont en activité en Métropole. En Nouvelle-Calédonie, on a mis du temps à suivre ce chemin. Et puis, les professions de santé souffrent aussi d’un manque d’attractivité. Les gens n’ont plus envie d’exercer dans la santé, en raison de la pénibilité du travail. Le Covid a eu un effet dévastateur. Rappelons que la durée d’exercice, c’est 12 ans pour un infirmier et 8 ans pour un aide-soignant.

Tout ça pour dire qu’il faut prendre du recul et comprendre la complexité du problème. Il ne faut pas réduire cette crise à un simple prisme émotionnel ou ponctuel. Il y a aussi, bien sûr, la question de la sécurité, qui relève de l’État via le Haut-commissariat. Ce n’est pas spécifique à la Calédonie : en Métropole aussi, les soignants sont exposés à l’insécurité, notamment dans certaines banlieues. Il y a même des textes pour les protéger. Encore une fois, il faut objectiver les choses, sortir de l’affect.

Ce contenu est réservé aux abonnés.

Connectez vous pour y accéder !

Propos recueillis par Béryl Ziegler

Fil d'actualité

Christian Tein et les militants de la CCAT libérés

Le leader de la CCAT et quatre autres militants...

Maison cambriolée à Nouméa

Lors d’un week-end d’absence, un habitant du quartier de...

Trafic d’alcool : une distillerie clandestine découverte par la police

Il produisait dans le plus grand secret du rhum...

Rencontre avec… Marjorie Ghizoli

Six mois après sa prise de poste, le contrôleur...

Au contact des riverains

« Dans le cadre de la lutte contre les...

Newsletter

Inscrivez vous pour recevoir chaque semaine notre newsletter dans votre boîte de réception.

Christian Tein et les militants de la CCAT libérés

Le leader de la CCAT et quatre autres militants indépendantistes ont été remis en liberté après la décision de la cour d’appel de Paris,...

Maison cambriolée à Nouméa

Lors d’un week-end d’absence, un habitant du quartier de la Vallée-des-Colons, à Nouméa, a été victime d’un cambriolage : maison fouillée, baie vitrée fracturée...

Trafic d’alcool : une distillerie clandestine découverte par la police

Il produisait dans le plus grand secret du rhum et de la vodka destinés au marché noir. Après plusieurs semaines d’enquête, les policiers ont...