Les discours et propos de Marine Le Pen auront très certainement désarçonné ceux qui n’ont pas oublié l’action de feu Front national en Nouvelle-Calédonie. Un parti calédonien, un parti de Calédoniens, qui aura eu ses figures de proue, les Roger Galliot, Guy George, Bernard Herpin et d’autres qui ne professaient pas de demi-convictions et qui furent aussi dans les années de cendres, une part de la résistance. Mais, à l’évidence, c’était un autre temps et une histoire que les successeurs voudraient peut-être oublier au profit d’une vision que ces anciens-là ne partageaient pas du tout. Le Rassemblement national semble être passé à autre chose, mû peut-être par des considérations plus hexagonales, et prône donc un autre discours, jusqu’à faire porter la responsabilité du 13 mai et de l’insurrection sur les mauvaises épaules. Les Calédoniens qui ont dit trois fois non à l’indépendance, et à qui l’on assène qu’il ne fallait rien attendre de leurs votes, ont eu des sueurs froides, les reproches émanant d’un mouvement qui se veut le meilleur défenseur de la France. En Nouvelle-Calédonie, quoi que l’on voudrait en penser, être pour ou contre l’indépendance, n’est pas une posture, mais le fruit d’une histoire et surtout une conviction.
Nicolas Vignoles