Âgée de 36 ans, cette Métropolitaine d’origine, installée en Nouvelle-Calédonie depuis trois ans, vient de publier son premier roman, Les oubliés de l’enfer vert. Rencontre.
L’écriture, elle connaît. Louise d’Auzay, de profession, est rédactrice. Mais son terrain de jeu, habituellement, concerne davantage le milieu économique, les banques, les assurances, l’immobilier. Pourtant, au fond d’elle, elle a toujours voulu écrire autre chose. Un livre, une histoire. « Cela faisait hyper longtemps que je voulais écrire, mais je cherchais une idée, un sujet sympa. Je voulais écrire un premier roman dont je pouvais être fière », explique-t-elle.
Le déclic intervient devant sa télévision, alors qu’elle tombe sur « un reportage de vingt minutes, comme on en voit tout le temps ». C’était « il y a quatre ou cinq ans ». Le sujet ? Le bagne de Guyane. « Généralement, quand je regarde un reportage, je sais un minimum de quoi on parle. Là, je me suis pris une claque. Je ne viens pas de Nouvelle-Calédonie, je ne viens pas de Guyane, donc le bagne, pour moi, c’était une ligne dans les livres d’école », poursuit-elle. Elle plonge alors tête la première dans l’Histoire, découvre que les derniers prisonniers sont rapatriés en Métropole il y a soixante-dix ans environ. Le début d’une nouvelle aventure. « L’idée a commencé à mûrir, je me suis énormément documentée, j’en ai parlé à mes amis pendant des mois et des mois et, en fin de compte, je me suis dit pourquoi pas », sourit-elle. Elle pose alors les premiers mots, les premières phrases, les premiers chapitres de son roman. Un autre genre aurait été inenvisageable ou presque. « Je lis beaucoup, mais je ne voulais pas de témoignage, de récit. J’aime être attrapée dans une histoire », avoue-t-elle. « Je trouve aussi que c’est une manière tellement plus agréable d’apprendre des choses. » L’écriture s’étalera sur de longs mois. Un an environ.
Sa première version, envoyée à quatre maisons d’édition, n’a pas trouvé preneur. Pas question, cependant, de baisser les bras. Ce n’est pas son genre. Quand une montagne se dresse devant elle ? Elle grimpe. Quand les gens ne lui répondent pas ? Elle insiste. Quand une porte est fermée devant elle ?
Détermination et abnégation
Elle l’enfonce. « J’en ai conclu qu’il y avait un problème dans le bouquin, je l’ai repris, je l’ai retravaillé, j’ai romancé davantage, j’ai ajouté de nombreux détails pour donner encore plus de profondeur à l’histoire », dit-elle. Une abnégation payante. Sur les quatre nouveaux envois, elle obtient, cette fois, une réponse positive de la part de la maison Terre d’Histoires. Et c’est comme ça que son histoire, ou du moins celle de Charles, un jeune étudiant parisien qui décide de s’engager en tant que gardien, a vu le jour. On est alors en 1923. « On va avoir tout son trajet en bateau, tout démarre de là. Et de manière assez forte », raconte-t-elle, évoquant simplement « une intrigue policière » et même « plein d’intrigues » qui viendront rythmer les pages.
Une histoire finalement dynamique, à l’image de son auteure, originaire de la région parisienne. Une aventure de plus pour cette fille de militaire, qui a auparavant vécu en Grèce ou en Autriche par exemple. Avant de se lancer, à 25 ans, dans un tour du monde en solitaire. Et c’est finalement sur le Caillou, il y a trois ans maintenant, qu’elle a posé ses valises. L’occasion, cette fois, de découvrir le bagne calédonien.
Claire Gaveau