C’est mercredi soir, au Haut-commissariat, à la « mi-temps » de sa visite de cinq jours, que le ministre des Outre-mer a accordé un entretien aux médias de la presse écrite calédonienne. L’occasion pour François-Noël Buffet de présenter, notamment, une « méthode » afin de relancer au plus vite l’économie du territoire.
La voix du Caillou : Vous êtes arrivé mardi matin. Après quarante-huit heures d’échanges, quel premier bilan tirez-vous de cette visite en Nouvelle-Calédonie ?
François-Noël Buffet : Pendant les événements, alors que j’étais président de la commission des lois au Sénat, j’ai toujours été en contact avec les acteurs politiques et économiques locaux. Depuis, ma mission a changé et mes responsabilités ont changé. Je voulais vraiment venir en premier ici, compte tenu de l’urgence. Le sentiment, quel est-il ? Il est évident que nous arrivons à un moment où les choses sont plus calmes. Mais il y a un sentiment de grande préoccupation. Pas d’inquiétude, mais des grandes préoccupations concernant l’avenir de la Nouvelle-Calédonie. Le sentiment aussi de partager l’idée que si on est capable d’agir vite, en apportant des moyens qui permettent de relancer rapidement l’économie, la suite viendra et la Calédonie reprendra pied.
LVDC : Aujourd’hui, l’urgence est-elle davantage économique ou politique ?
F.-N.B. : Il s’agit en fait d’un tout. C’est la relance de l’activité économique qui permettra de sauver le social, en permettant aux gens de retourner travailler et de « relancer la machine ». Aujourd’hui, les collectivités locales (provinces, communes) n’ont plus les moyens budgétaires de payer leurs propres fournisseurs. Donc il faut impérativement que l’on arrête cela, parce que (sinon) le monde économique va s’arrêter très rapidement alors que la crise est déjà énorme. Donc il faut qu’on injecte très rapidement de l’argent. C’est ce sur quoi nous travaillons. Il faut que cet argent arrive très vite dans les collectivités. J’ai signé une circulaire qui va permettre une aide de l’État à 100 % pour les communes pour la reconstruction des bâtiments scolaires, et une aide à 70 %, toujours pour les collectivités, sur les autres projets d’investissement. Il faut qu’on aille extrêmement vite pour que, ceux qui sont au quotidien les donneurs d’ordre public et qui sont au plus proche des habitants, puissent lancer le plus vite possible les travaux nécessaires afin de relancer la machine. Il faut aussi aider les entreprises. Les choses ont commencé : 400 millions d’euros (47 milliards de francs) ont été donnés par l’État jusqu’à maintenant, mais il faut vraiment que les choses se mettent en route de façon effective. D’où la création d’une mission auprès du Premier ministre et de votre serviteur, composée de quelques personnalités, de techniciens, de spécialistes dans leur matière, pour pouvoir s’assurer que cet argent qui est libéré par l’État soit utilisé rapidement. Si on ne fait rien, on verra très vite les conséquences. Les entreprises vont se retrouver en cessation de paiement, et finiront au tribunal de commerce. Et les entreprises qui devraient redémarrer vont se retrouver en difficulté. Mais il y a aussi une urgence sociale.
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Propos recueillis par Lionel Sabot