Pour sa dernière séquence de visite, le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, s’est rendu hier matin à la base navale Chaleix, à Nouméa. L’occasion de rencontrer de jeunes engagés et de visiter le navire D’Entrecasteaux.
Dès son arrivée, après avoir salué la délégation officielle composée d’Alcide Ponga, président du gouvernement, de Veylma Falaeo, présidente du Congrès, de Sonia Lagarde, maire de Nouméa, de Véronique Roger-Lacan, ambassadrice de France dans le Pacifique, et de Jean-Louis Laval, président de l’U2P-NC (Union des entreprises de proximité en Nouvelle-Calédonie), le ministre a échangé avec de jeunes engagés issus de divers dispositifs de formation et d’insertion des Forces armées. Parmi eux, des volontaires du Régiment du service militaire adapté (RSMA), des matelots en formation et des membres de l’escadrille Armée-Jeunesse. Prenant le temps de dialoguer avec chacun, il a salué leur engagement, déclarant que « c’est une belle image de la jeunesse qui s’engage ».
« Soutenir nos Forces armées »
Accompagné du général Yann Latil, commandant des Forces armées en Nouvelle-Calédonie (FANC), Manuel Valls a ensuite embarqué à bord du Bâtiment de soutien et d’assistance Outre-mer (BSAOM) D’Entrecasteaux, guidé par le capitaine de vaisseau Julien Fort et le commandant du navire, Antoine Petetin. Cette immersion a permis au ministre de mieux appréhender le rôle des FANC dans la région, tant sur le plan militaire que dans le cadre de coopérations humanitaires et stratégiques.
À l’issue de la visite, il a justifié son choix de visiter la base Chaleix : « J’ai demandé à ce qu’il y ait un moment avec nos militaires sur la base, parce que je n’avais pas pu le faire lors de mon dernier déplacement. D’abord pour soutenir nos Forces armées, ces hommes et ces femmes qui sont engagés sur ce territoire, et pour démontrer, si c’était nécessaire, combien nos forces participent des intérêts stratégiques qui sont ceux de la France en Nouvelle-Calédonie et dans le Pacifique ».
Le ministre a insisté sur la diversité des missions confiées aux forces présentes dans la région, qui ne se limitent pas aux opérations militaires. « Nous sommes dans un monde instable, dangereux, la France rayonne sur cinq continents, trois océans, et ici c’est une des démonstrations. Mais au-delà des missions militaires, il y a aussi des missions humanitaires, comme le soutien aux populations ou la coopération avec les pays de la région ».
Il a également rappelé l’importance de la présence militaire pour la préservation des océans et le soutien lors de catastrophes naturelles, citant le Vanuatu comme exemple récent d’intervention humanitaire. Au fil de ses échanges, Manuel Valls a tenu à renforcer le lien entre la jeunesse calédonienne et les Forces armées. « Les Forces armées, ce sont des hommes, des femmes, des engagés, il y a des réservistes aussi, des jeunes qui parfois sont passés par le SMA, et qui y trouvent aussi, au fond, une vocation, une manière de s’engager ». Il a souligné l’impact positif de ces dispositifs sur l’insertion professionnelle et la formation des jeunes, à travers un apprentissage des valeurs de discipline et de rigueur. Interrogé sur la création prochaine d’une escouade à Nouméa, le ministre a confirmé l’engagement continu de l’État sur le Caillou : « Quoi qu’il arrive, le lien entre la Nouvelle-Calédonie et l’Hexagone se poursuivra, notamment à travers la défense de nos intérêts stratégiques ». Il a réaffirmé que la région restait un pivot essentiel de la présence française dans le Pacifique.
Une visite saluée
Le général Yann Latil a salué cette visite ministérielle, estimant qu’elle mettait en lumière le rôle central des FANC : « C’est important de lui montrer l’action des Forces armées en Nouvelle-Calédonie, nos missions, ce qu’on a pu faire pendant la crise. Et puis, je voulais le sensibiliser à ce qu’on fait au quotidien pour la jeunesse et les perspectives que ça peut ouvrir ». Il a tenu à rappeler la complexité des situations sociales en Nouvelle-Calédonie, refusant les caricatures sur la jeunesse : « On a souvent caricaturé une jeunesse dans sa totalité sur les barrages. Et bien sûr, c’est beaucoup plus complexe que ça. On l’a vu avec le ministre. On a une jeunesse qui est beaucoup plus disciplinée » que ce qu’on pourrait imaginer, « qui a envie de s’investir sur son territoire, qui a envie de s’investir au service de la France ». Le général a également mis en avant les opportunités de coopération régionale, répondant ainsi aux ambitions affichées par Manuel Valls : « Moi, j’ai envie de plus de coopération avec nos partenaires. Mais c’est aussi quelque chose que nous faisons historiquement. L’année dernière, nous avons formé plus de 240 stagiaires des pays qui nous entourent. Et l’exercice Croix du Sud, qui se déroulera fin avril, début mai, rassemblera plus de 20 pays de la région ».
Départ… avant un retour rapide ?
Sauf contretemps, Manuel Valls devait quitter le Caillou hier soir, après avoir notamment rencontré la presse, vers 20 h, au Haut-commissariat. Selon nos confrères de RRB, le ministre des Outre-mer reviendra prochainement, possiblement dans une semaine, pour poursuivre les discussions et négociations sur l’avenir institutionnel, politique, économique ou encore social de la Nouvelle-Calédonie. Ces quatre derniers jours ont permis d’avancer, mais pas jusqu’à atteindre un accord global entre soutiens du maintien dans la France et partisans de l’indépendance.
Claire Rio-Pennuen
