Sur les images de ce mini reportage présenté sur le site internet d’ABC (Australian Broadcasting Corporation), un bulldozer qui détruit et écrase des habitations précaires. Des habitations qui ressemblent à ce qui existe chez nous dans ce que l’on appelle les squats. Une femme le regard dans le vide témoigne « j’avais mal au cœur. Nous nous sommes enfuis avec nos enfants ». Si ces actions de destructions d’habitations, même précaires, avaient été tournées en Nouvelle-Calédonie, elles auraient provoqué l’indignation générale. Bakou aurait sans doute sollicité en urgence une réunion du conseil de sécurité de l’ONU. Oui, mais voilà, ces images n’ont pas été tournées ici. Elles ont été tournées non loin de Nouméa… à Port Vila au Vanuatu. Dans le bulldozer, pas de militaire d’une quelconque « puissance coloniale », mais un homme qui fait son travail sur ordre, non pas d’une « justice coloniale » a qui l’on reproche tout et surtout n’importe quoi, mais sur ordre de la Cour Suprême du Vanuatu, pays indépendant depuis le 30 juillet 1980. La plus haute juridiction vanuataise a donc décidé que les terres sur lesquelles ces Vanuatais de souche – ces enfants, ces femmes, ces hommes -, qui ont quitté leurs îles pour tenter de trouver une hypothétique meilleure vie à Port Vila, devaient revenir à leurs propriétaires légaux. Ces derniers ne sont autres que les coutumiers de l’endroit. À en entendre certains, le Vanuatu serait l’un des modèles à suivre dans le cadre d’une accession à la pleine souveraineté. On aurait envie de le dire « chiche ». Un peu d’ordre et de morale, ça ne fait jamais de mal, pour éviter le chaos.
Lionel Sabot