Il fallait bien quelqu’un de la trempe de Michel Barnier (sollicité par l’Élysée depuis plus longtemps qu’on ne le croyait) pour occuper Matignon. Outre qu’il est le plus âgé des Premiers ministres de la Ve république, il sera aussi le premier à gouverner sans majorité réelle. Comme le dit un adage politique, le voilà destiné à gérer la France avec des « majorités de circonstance », et l’exercice n’est pas facile. Mais l’homme est un montagnard rompu aux courses difficiles. En tout cas, il connaît la Nouvelle-Calédonie et a émis sur elle des convictions fortes et gaulliennes. Et si le contexte ici est devenu plus radical, on ne voit pas au nom de quoi ces convictions varieraient, tant ce conservateur libéral ne s’est jamais montré homme à en changer. Même si le centre de commandement va demeurer l’Élysée, il est rassurant que le gouvernement français soit mené par quelqu’un qui connaît, car la Nouvelle-Calédonie aura besoin de lui comme des membres de son gouvernement. Et dans le tas de problèmes auxquels Michel Barnier va désormais être confronté, la Nouvelle-Calédonie tient presque le sommet de la pile. Il en prendra conscience rapidement, si ça n’était déjà fait, puisque dans les prochaines semaines une invitation à des discussions à Paris devra être lancée.
Nicolas Vignoles