Au sortir de l’incongrue dissolution, tous disaient que la France serait ingouvernable. De fait, depuis plus de cinquante jours elle n’est pas gouvernée. Emmanuel Macron se heurte à la réalité qui veut qu’il lui est impossible de nommer un Premier ministre dont le gouvernement, à peine constitué, serait tout aussitôt censuré. Or, les personnalités auxquelles il a songé sont si clivantes qu’elles ne font plus l’affaire. Le président n’a plus d’autre choix que d’aller quérir un ou une dont les partis voudront bien, mais à la capacité d’action restreinte, tel un soliveau*. Il y aurait là matière à sourire si ça n’était de la France qu’il était question. Et de la Nouvelle-Calédonie. Certes, c’est à l’Élysée que tout se décide désormais pour ce qui nous concerne, mais un gouvernement de plein exercice ne serait pas de trop, au regard de la situation d’impasse dans laquelle nous sommes, et de l’avenir si incertain. À l’instar de tous les Français, nous sommes donc dans l’attente, sauf que nous, ça en est même notre quotidien depuis un bon moment maintenant. L’attente dont on ne sait quoi et on ne sait vers quoi, mais dont on espère qu’enfin, de cette attente, il sortira quelque chose de bon. On commence quand même à bien le mériter.
* « Les grenouilles qui demandent un roi », Jean de La Fontaine.
Nicolas Vignoles