Le 13 août est passé, et (à l’heure où nous écrivons ces lignes) nous n’avons rien vu venir. Personne ne s’en plaindra, bien au contraire. La Calédonie du 14 août ressemble à s’y méprendre à l’épouse, en danger, de Barbe bleue. Les Calédoniens, eux, en tout cas ceux qui ne cassent rien, qui ne brûlent rien, et qui ont encore envie de vivre paisiblement sur le Caillou, semblent être comme Sœur Anne, juchés au sommet d’une tour de désolation, ne voyant rien venir. « Ni le soleil qui poudroie, ni l’herbe qui verdoie » et encore moins les aides supplémentaires qui seraient pourtant bien nécessaires pour éviter l’effondrement de l’économie, du système de santé et de tout ce qui malheureusement vacille de plus en plus au fil des jours. La situation que traverse la Nouvelle-Calédonie depuis le 13 mai dernier est loin d’être un conte de Charles Perrault, et pourtant ne voyant décidément rien venir ils sont nombreux à avoir pris leurs bottes de sept lieues, bien conscients qu’un coup de baguette magique d’une fée marraine ne suffira pas. Espérons simplement que la Nouvelle-Calédonie, telle la Belle au bois dormant, ne « tombera (pas) dans un profond sommeil qui durera cent ans », car aujourd’hui, même si habituellement les contes pour enfants se terminent bien, plus personne ne croit ni au père Noël ni au prince charmant.
Lionel Sabot