Élu sénateur de la Nouvelle-Calédonie en septembre 2023, Georges Naturel revient avec nous sur les émeutes qui touchent le territoire, mais aussi sur l’avenir du territoire, qu’il faudra reconstruire.
La Voix du Caillou : Comment vous avez vécu le 13 mai et les semaines qui ont suivi ?
Georges Naturel : Ça n’a pas été simple pour moi. J’avais décidé de partir pour Paris, afin d’assister, le 13 mai, au débat à l’Assemblée nationale sur la révision constitutionnelle. J’y ai assisté, j’ai été présent dans le public, et puis il y a eu les premières émeutes en Nouvelle-Calédonie. J’habite à Apogoti, un quartier sensible, et j’ai immédiatement pensé à ma famille. À partir de ce moment-là, j’ai annulé tous mes rendez-vous afin d’être disponible pour notamment parler à la presse nationale afin d’expliquer mon ressenti et ma vision des choses. J’ai fait ça pendant deux jours et puis j’ai pris le premier avion pour rentrer. Et finalement, c’est là que les choses se sont compliquées, je n’ai pas pu rentrer immédiatement à Dumbéa, je suis donc resté à Nouméa pendant une semaine. Un moment très compliqué avec des gardes du corps, et puis au bout d’une semaine j’ai décidé de rentrer à la maison. J’ai vécu ces moments avec beaucoup d’inquiétude pour mes proches, mais aussi pour la commune dont j’ai été le maire pendant quinze ans. Pendant quinze ans, nous avons essayé de construire une société, une commune, une économie. Pendant ces années nous avons accompagné la jeunesse. Nous avons fait cela avec nos convictions, notre vision des choses, et pour quel résultat !
LVDC : Aujourd’hui, presque trois mois après le début des émeutes, il y a de l’amertume ? De la colère ?
G.N. : Il y a de la colère, oui. Vous savez, on peut être révolté dans la vie, on peut ne pas être d’accord sur tout, mais il y a des manières de dire et de faire les choses, mais ce n’est certainement pas en cassant et en brûlant que l’on va se faire entendre. Aujourd’hui, on parle de crise économique, mais au-delà de ça, c’est aussi une crise sanitaire, mais aussi une crise humanitaire qui sont au bout du chemin. Aujourd’hui, je pense qu’il faut que nous soyons pragmatiques et qu’on se dise que l’on a sans doute manqué quelque chose. J’ai cette volonté de repartir, de rebâtir, mais il faudra que l’on fasse un bilan, pour reconstruire notre société, il faut peut-être également avant tout que l’on définisse le cadre de la société qu’on veut reconstruire.
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Propos recueillis par Lionel Sabot