Ce 14 juillet 2024 aura donc été marqué par la déclaration solennelle de la présidente de la province Sud, prononcée dimanche soir et largement relayée sur les réseaux sociaux.
Au sortir des élections législatives qui ont vu l’élection d’un député non-indépendantiste et d’un indépendantiste et l’augmentation du nombre des voix des indépendantistes, les électeurs non-indépendantistes avaient sans doute besoin d’explications et de perspectives. Sonia Backes les leur a apportés. Un discours de trente-cinq minutes sans langue de bois qui a posé un certain nombre de constats, auxquels on adhère ou pas, et émis des possibilités pour l’avenir, que l’on partage ou non. Toutefois ce discours, prononcé au soir de la Fête nationale, est marquant par les sujets traités, les vérités qu’il rappelle, les propositions qu’il formule et l’appel à l’union d’un camp non-indépendantiste parfois malmené lors des scrutins. Alors certes, le discours était clivant et a suscité sur les réseaux sociaux indépendantistes nombre de réactions critiques et hostiles, mais sans doute aussi beaucoup d’électeurs non-indépendantistes ont-ils été rassurés d’entendre ainsi verbalisée, une pensée et des idées qu’ils partagent, mais qu’ils taisaient jusqu’alors.
La trahison de Nouméa
Sonia Backes s’est montrée très critique à l’encontre de l’accord de Nouméa, dans lequel elle voit une « œuvre socialiste » qui a construit davantage d’ambiguïtés qu’il n’a apporté de solutions. Elle y voit même une « trahison » des accords de Matignon conclus entre Jacques Lafleur et Jean-Marie Tjibaou. Elle dénonce « le fait qu’aucune sortie n’ait été prévue par ses signataires et que la phrase ‘’les partenaires se retrouvent pour examiner la situation ainsi créée’’ nous amène à devoir construire, seuls et dans la plus grande des difficultés, notre voie vers la paix. Demain, lorsque nous nous retrouverons à la table des négociations, il sera essentiel de trouver un accord dont la trajectoire et la conclusion sont claires. C’est un impératif qui doit permettre à nos enfants et nos petits-enfants de ne pas revivre ce que nos parents et nous avons subi. Après vingt-six ans à vivre dans les ambiguïtés de l’accord de Nouméa, il est triste mais pas surprenant de nous retrouver là où nous sommes. ‘’On ne sort de l’ambiguïté qu’à ses dépens’’. Les ambiguïtés de l’accord de Nouméa ont empêché toute possibilité d’une fin heureuse pour la Calédonie. Nous revoici donc, comme en 1988 à devoir signer un accord de paix pour que cesse ce conflit. »
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Nicolas Vignoles