Oui, à la Baie des citrons, depuis un mois, on nage, parfois de bonne heure… mais pas dans le bonheur. Le soleil, la plage, la mer sont toujours là. L’ambiance festive et les sourires, moins.
Un matin, à la BD. Il n’est pas encore 7 h. Eric marche, en laissant le lagon sur sa droite. Il garde un œil sur la mer, ça l’aide à réfléchir. Les responsables politiques ? « Ils n’ont pas de parole », s’agace-t-il. « Les jeunes Kanak attendent que les politiques s’en aillent, ils n’ont plus confiance, ils ont été trahis. » Alors, « aujourd’hui, ils pètent une durite. Je ne veux pas les défendre, mais à force de les mettre sous pression pendant des années comme ça », la cocotte minute a explosé, éclaboussant le Grand Nouméa, débordant sur le reste du pays. « Ça va être compliqué à refaire une Calédonie comme on l’a connu », car ce que l’on retient, entre autres, de ce mois de violence, c’est que ces jeunes « ils peuvent vraiment être virulents ».
Eric est bien placé pour le savoir. Le lundi 13 mai, premier jour de cette crise insurrectionnelle, il venait de récupérer sa voiture, jusque-là en réparation. Quelques instants plus tard, « à la hauteur de Kenu-In, j’ai pris un parpaing derrière, ça a explosé la vitre ». Retour au garage, à Ducos. Et « une heure plus tard », celui-ci était « fermé ». Allait-il retrouver son véhicule ? Si oui, sera-t-il en état de rouler, ou complètement brûlé ? Quand on l’a croisé, Eric n’avait pas encore la réponse. Ce suspense ne l’amusait pas.
Ce contenu est réservé aux abonnés.
Connectez vous pour y accéder !
Anthony Fillet