Toutes les activités portuaires sont à l’arrêt. On doit cette situation à un problème juridique dû au non-renouvellement du contrat du directeur général.
L’information a été révélée par nos confrères de RRB. Depuis samedi en effet, le Port autonome de Nouméa ne fonctionne plus, les activités de déchargement des bateaux notamment sont stoppées, et dans la période actuelle, où le ravitaillement est une nécessité vitale, on imagine les problèmes que cela va poser. Il s’avère que le contrat de l’actuel directeur général du port, Brice Kiener, n’a pas été renouvelé par le président du Conseil d’administration, Gilbert Tuyienon. D’un point de vue juridique, pour des questions entre autres de protection et de sécurité des activités, le port ne peut fonctionner sans un directeur général à son poste.
Des réactions
Le non-renouvellement du contrat a suscité de nombreuses réactions du monde économique, ainsi de la FINC (Fédération des industries de Nouvelle-Calédonie) qui s’en est étonnée et a déploré cette situation, réclamant le maintien à son poste du directeur général. De même pour la CCI qui, dans un communiqué, dit se joindre « à l’ensemble du monde économique pour saluer le travail, l’efficacité et le professionnalisme des équipes du port durant cette période de crise extrêmement critique et alerte sur l’impérieuse nécessité de maintenir la continuité et la stabilité de l’activité de cette infrastructure stratégique ».
Mais pourquoi ?
C’est la question que tout le monde se pose : pourquoi en est-on arrivé à cette situation ubuesque dans une période où la Nouvelle-Calédonie a plus que jamais besoin de son poumon économique qu’est le port autonome ? Tous les acteurs économiques, en particulier ceux travaillant sur le port, soulignent le professionnalisme du directeur général du port, dont les actions et la stratégie ont redynamisé la structure.
Mais au-delà, pourquoi le membre du gouvernement en charge du secteur et président du Conseil d’administration du port n’a-t-il pas procédé soit à son renouvellement soit à la nomination d’un autre directeur général ? Au gouvernement, on souligne l’embarras dans lequel plonge l’attitude de Gilbert Tuyienon et l’on s’interroge sur la stratégie. D’aucuns soulignent que le maire de Canala aurait voulu apporter son coup de pouce aux actions de la CCAT qu’il ne s’y serait pas pris autrement.
En tous les cas, il est certain que cette situation ne peut perdurer très longtemps, sauf à enfoncer davantage la Nouvelle-Calédonie dans le marasme.
La réponse de Gilbert Tyuienon
Par un communiqué diffusé hier après-midi, Gilbert Tyuienon « veut apporter un démenti à propos d’informations évoquant une paralysie du fonctionnement du port. Ces informations erronées sont alimentées par des personnes qui détournent le sens d’un changement de direction à la tête du port, pour des raisons administratives et fonctionnelles, voulant le faire passer pour un problème de personne ou pour une manœuvre politique. Il est injustifiable et irresponsable d’affirmer qu’un tel changement entraîne une paralysie de l’établissement. Il est tout autant ridicule de faire croire que la pérennité de l’action du port pourrait dépendre d’une seule personne. Ce changement de direction n’entraînera aucune conséquence sur le fonctionnement de l’installation portuaire. Particulièrement dans le contexte actuel, le Conseil d’administration du port et les agents qui opèrent sur l’espace portuaire, s’investissent et font preuve de vigilance pour que le PANC poursuive sa mission de service public dans l’approvisionnement du pays. Le président du Conseil d’Administration du PANC tient d’ailleurs à remercier les acteurs professionnels du Port Autonome qui, dans les circonstances difficiles que traverse notre pays, essaient d’assurer au mieux leurs fonctions. »
« Prise en otage des Calédoniens »
« En tant que membres du Conseil d’administration du Port autonome, nous ne pouvons pas accepter et condamnons avec la plus grande fermeté la prise en otage des Calédoniens du fait du non-renouvellement du directeur de l’établissement », écrivent collectivement Christopher Gygès (membre du gouvernement) et Sonia Lagarde (maire de Nouméa), ainsi que Maxime Tinel et Dominique Katrawa, représentants du conseil portuaire. La fermeture temporaire, depuis samedi midi, du port à Nouméa « fait peser un risque élevé de non-approvisionnement de la Nouvelle-Calédonie. Ceci n’est pas tolérable dans la période troublée que nous connaissons. Le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie a voté, à l’unanimité, le 22 mai dernier la prolongation de trois mois du contrat du directeur afin d’éviter de se retrouver dans la situation que nous connaissons aujourd’hui. Malheureusement, pour que cette décision soit effective, le membre en charge des transports, président du Conseil d’administration, Gilbert Tyuienon, doit contresigner cet arrêté, ce qu’il refuse de faire. Nous demandons en tant que membres du Conseil d’administration que le port soit débloqué dans les plus brefs délais afin d’éviter un risque de pénurie pour les Calédoniens. »
Nicolas Vignoles avec Anthony Fillet