Dégel du corps électoral : les débats vont se poursuivre à l’Assemblée

Alors que l’ensemble des amendements n’ont pu être examinés à l’Assemblée nationale, les débats sur le dégel du corps électoral doivent reprendre dans la nuit de mardi à mercredi (en Nouvelle-Calédonie). Le vote sera-t-il acté mercredi matin ?

Le dégel du corps électoral sera-t-il acté dans la nuit de mardi à mercredi à l’Assemblée nationale ? Les députés doivent reprendre mardi après-midi (la nuit prochaine en Nouvelle-Calédonie) l’examen du projet de loi constitutionnelle sur cette question du corps électoral. Un dossier particulièrement sensible qui a ravivé de très fortes tensions alors que, après une nuit de chaos dans Nouméa et dans Grand Nouméa, un couvre-feu a été décrété par le Haut-commissariat.
Au cours d’une discussion sous haute tension, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a appelé les députés à adopter sans modification cette réforme, qui ouvre le scrutin provincial aux résidents installés depuis au moins dix ans sur le Caillou. Mais alors qu’un vote solennel était normalement prévu mardi après-midi, les débats n’ont pas pu être menés à leur terme dans la nuit, en raison du nombre d’amendements déposés, notamment par le groupe Insoumis, accusé “d’obstruction” parlementaire par la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet.

Un nouveau calendrier ?

Le nouveau calendrier d’examen sera acté mardi matin à Paris, mais Yaël Braun-Pivet a déjà fait savoir que les députés pourront reprendre leurs débats dans l’après-midi, quitte à bousculer l’ordre du jour. “J’espère que nous pourrons passer au vote mardi ou mercredi. Nous souhaitons tous une issue politique”, a expliqué le chef de file des députés Renaissance Sylvain Maillard, après minuit, cité par l’Agence France Presse. “L’étude du projet de loi constitutionnel se poursuivra demain à l’Assemblée, l’ensemble des amendements n’ayant pas pu être examiné avant la fin de la séance. Pas d’inquiétude à ce stade tout se déroule convenablement”, a réagi Nicolas Metzdorf.

Après celle du Sénat, l’approbation de l’Assemblée est nécessaire pour faire cheminer ce texte, avant de réunir le Parlement en Congrès à Versailles. Prônant l’apaisement, Emmanuel Macron, le chef de l’Etat, a promis dimanche de ne pas convoquer le Congrès “dans la foulée” du vote de l’Assemblée nationale, selon son entourage, pour “privilégier le dialogue”. Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, qui suit de près le dossier, a assuré, de son côté, que les parties prenantes locales seront invitées “rapidement” à Paris pour “discuter autour du Premier ministre, autour du gouvernement”. Mais cette “main tendue” de l’exécutif serait pour le moment “refusée” par le camp indépendantiste, qui dénonce notamment un passage en force de l’Etat pour “minoriser encore plus le peuple autochtone kanak”.


« Ce projet constitutionnel dépasse la simple écriture des articles »

Nicolas Metzdorf a pris la parole à l’Assemblée nationale alors que les députés devaient examiner le projet de loi constitutionnelle sur le dégel du corps électoral en Nouvelle-Calédonie. Un discours marqué par les débordements de la nuit, survenus à Nouméa et dans les communes alentours. « Mes chers collaborateurs avaient rédigé un discours, mais compte tenu de ce qu’il vient de se passer à Nouméa, il serait déplacé de lire un papier. Ce projet constitutionnel dépasse la simple écriture des articles qui le compose, c’est un projet de société qui se débat en Nouvelle-Calédonie actuellement. Un débat de société démocratique où l’on veut que chaque Calédonien, qui soit né en Calédonie ou arrivé par les aléas de la vie, puisse voter. Aujourd’hui, ce droit est remis en cause par la violence. Je voudrais apporter mon soutien aux gendarmes, aux policiers (applaudissements), je voudrais aussi apporter mon soutien à ceux qui résistent, à ceux qui ont passé la nuit enfermé chez eux, à qui on a demandé de ne pas réagir. Je voudrais remercier les chefs d’entreprise qui ont tout perdu cette nuit, je voudrais remercier les personnes qui vivent dans les quartiers défavorisés en proie aux manifestations. Je voudrais remercier également la population indépendantiste kanak, malgré son opposition à ce texte, n’a pas souhaité la violence. Et je condamne bien évidemment ceux qui l’ont appelée de leurs vœux et qui devront répondre à ces appels à la violence. Il y a une question qui se pose actuellement, c’est l’universalisme en Nouvelle-Calédonie. Il y a un débat pour savoir s’il y a des Calédoniens plus importants que d’autres. L’universalisme c’est le fait que tous les citoyens naissent libres et égaux en droit, or en Nouvelle-Calédonie, il y a une volonté de hiérarchiser les gens, en fonction de leur couleur de peau, en fonction de leur lieu de naissance, en fonction de leurs ancêtres », a-t-il déclaré.



Claire Gaveau

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