Le ministre Éric Dupond-Moretti a confirmé la construction d’un nouvel établissement pénitentiaire pour remplacer le Camp-Est. Il sera construit sur un terrain de 18 hectares de la province Sud à Ducos pour un investissement total de 60 milliards de francs.
Ce n’est encore qu’un terrain vague mais avec un peu d’imagination, on devine déjà ce qu’il va devenir. Après deux heures en visite d’immersion au Camp-Est, les ministres se sont transportés sur un site en baie de Koutio-Koueta, à Ducos, pour y annoncer la nouvelle la plus forte de ce déplacement : la construction d’un nouvel établissement pénitentiaire, comme cela avait été dévoilé en exclusivité dans nos colonnes en fin d’année dernière par le ministre de la Justice. Quinze ans que les autorités politiques locales n’arrivaient pas à se mettre d’accord sur l’emplacement d’un terrain. Cette fois, la province Sud a réussi à mettre tout le monde d’accord et le sourire de Sonia Backès, la présidente de la province Sud, en disait beaucoup.
« C’est un terrain de 18 hectares qui remplissait parfaitement le cahier des charges de l’administration pénitentiaire et permet, enfin, que ce projet attendu depuis très longtemps puisse voir le jour », a annoncé la présidente de la province Sud, avant que Laurent Ridel, directeur de l’administration pénitentiaire, ne prenne le relai et présente la future prison.
550 cellules contre 200 au Camp-Est
D’une capacité de 600 places, la future prison disposera de 550 cellules, contre 200 cellules actuellement au Camp-Est, et accueillera « des mineurs, des femmes, des prévenus, des condamnés, un quartier d’isolement pour les détenus difficiles, des zones d’activité qui manquent cruellement au Camp-Est pour permettre que le temps de détention soit un temps de retrait de la société comme punition mais aussi, un temps utile pour la société et la prévention de la récidive », a détaillé le haut-fonctionnaire.
Avec le centre de détention de Koné, inauguré il y a seulement quelques mois, le pays sera doté « des meilleures structures pénitentiaires des Outre-Mer et de Métropole, a affirmé Éric Dupond-Moretti. Ce que j’ai vu au Camp-Est n’est pas digne, il faut y mettre un terme. Il est indispensable qu’une nouvelle prison sorte de terre. » En comptabilisant les places de la future prison de Ducos et de Koné – 720 places -, « nous arrivons à un taux de disponibilité de places de prison trois fois supérieur à la moyenne de la Métropole pour un territoire de 270 000 habitants », a résumé Laurent Ridel.
Le garde des Sceaux a également mis l’accent sur « le travail pénitentiaire » alors que le Camp-Est n’offre pratiquement aucune perspective pour les personnes condamnées. « La prison, c’est punir, et il ne faut pas avoir peur de le dire sans démagogie, mais c’est aussi réinsérer. Car ces personnes, quand elles recouvreront la liberté, ont vocation à vivre au sein de la société. Je veux, chaque fois que c’est possible, que les détenus sortent avec un contrat de travail, une formation, un diplôme. Le travail en détention, ce n’est pas interdit, bien au contraire ».
Pas de calendrier dévoilé
Les autorités n’ont, en revanche, communiqué aucun calendrier car cela nécessite encore « des travaux techniques et des choix architecturaux à faire qui vont prendre du temps. Cela ne se fait pas en un claquement de doigt. On a le terrain, les financements, la volonté de le faire. Ce ne sont plus des promesses mais bien la phase de la réalisation ».
L’État a prévu une enveloppe de 60 milliards de francs pour réaliser cet établissement pénitentiaire, ce qui constituerait « le plus gros investissement de l’État dans l’histoire de la Nouvelle-Calédonie ». « C’est à la fois l’annonce de la fin de l’indignité des conditions d’incarcération pour les détenus et des conditions de travail difficiles des gardiens. C’est également, l’annonce du plus grand chantier de tous les temps : une bonne nouvelle pour le BTP calédonien », a réagi le député Nicolas Metzdorf.
Jean-Alexis Gallien-Lamarche