« J’ai été stupide de croire qu’avec moi ce serait différent »

Un homme, coutumier du fait, a été condamné vendredi, à Nouméa, à deux ans de prison, dont un an ferme, pour avoir plusieurs fois étranglé et menacé sa compagne entre juillet et septembre, dans la capitale.

Lorsque l’on passe au tribunal correctionnel, qui plus est en comparution immédiate, il est conseillé d’être assisté d’un bon avocat. Ici comme ailleurs, certains sont plus énergiques que d’autres. Un homme de 26 ans, jugé vendredi, a eu la chance de pouvoir compter sur une Claire Conti-Ghiani en grande forme ! Une lionne, féroce, n’hésitant pas à montrer les dents et à sortir les griffes : « attendez, là, mon client il risque des années de prison », s’est-elle plusieurs fois emportée, contre la présidente de l’audience, Sylvie Morin, qui lui demandait d’être moins vindicative, et contre la victime, qu’elle accuse de mentir.

« Elle l’a manipulé ! »

La déposition faite par la plaignante devant la police a été décortiquée par l’avocate, point par point, et il s’avère que la femme n’a pas dit la vérité sur plusieurs aspects. Elle le reconnaît. Pour autant, il ne faut pas inverser les rôles, elle est bien victime dans cette histoire, pas accusée, rappelle la présidente, ajoutant : « il ne faudrait pas que les victimes se retrouvent assaillies de questions » et qu’au final « elles aient peur de venir à la barre » du tribunal.

Me Conti-Ghiani ne lâche pas le morceau. « Madame elle est intelligente, elle l’a manipulé ! Elle est la fille d’un grand chef, elle a la maîtrise de la situation », alors que lui, Maréen comme elle, « il n’a pas le vocabulaire, il ne comprend pas toutes les subtilités ». Quand il dit qu’il la craint, il faut le croire. « Ça parait absurde mais il a peur d’elle », peur qu’elle le dénonce à la police alors qu’il n’avait plus le droit de la voir depuis sa dernière sortie de détention. « Mon client a une fragilité, il n’a pas le comportement parfait », mais « parfois les apparences sont trompeuses, parfois l’emprise n’est pas dans le sens que l’on croit ». En résumé, « il est complètement perdu cet homme », qui en début d’année dernière, au Camp-Est, recevait des lettres d’amour endiablées écrites par sa compagne, qu’il avait déjà frappée les mois précédents, avant de recommencer dernièrement. Alors, quand elle raconte qu’elle ne voulait plus le voir, qu’elle voulait arrêter cette relation et que c’est lui qui est revenu vers elle une fois libéré, elle ment, à nouveau, pointe l’avocate.

« Pas une vie »

De plus, madame savait que monsieur avait été condamné par le passé pour violences conjugales, alors pourquoi s’est-elle mise en couple avec lui ? « J’ai été stupide de croire qu’avec moi ce serait différent », dit-elle. Aujourd’hui, « j’ai peur de lui : ce n’est pas une vie, il m’a coupée du monde ». Il « boit rarement » et « ne fume pas », ce qui ne l’empêche pas de multiplier les « crises de jalousie », fouillant notamment dans le téléphone de madame lorsqu’elle dort.

Quand le ton monte entre eux, il y a quelques violences physiques (des étranglements avec une force modérée, un couteau sorti et agité au loin), et « surtout des violences psychologiques » à base de mots choisis pour rabaisser, pour blesser et pour effrayer. « Vous vous rendez compte de la gravité des propos? », l’interroge la présidente. « C’est juste pour faire peur », répond le prévenu. « Oui, et ça marche : vous comprenez que la personne a eu très peur ? »

« Moment gênant »

Madame narre ensuite trois épisodes : le jour où elle l’a retrouvé sur le balcon de leur logement, le jour où elle l’a retrouvé caché dans un placard (dans les deux cas, ils étaient séparés à ce moment-là), et le jour où, mécontent de ne pas avoir de ses nouvelles, il est venu là où elle s’apprêtait à passer un examen (pour devenir infirmière) et il lui a mis une claque, devant témoins. « Un moment gênant », raconte la victime, qui veut maintenant « se séparer : je l’aime encore, mais j’ai peur que je sois encore sous son emprise, il faut du temps pour que je sorte de ce cercle vicieux ».

Hervé Ansquer, vice-procureur, parle d’une « situation un peu compliquée » entre « deux personnes qui sont éprises d’un amour assez possessif l’un pour l’autre ». Contre l’homme, coupable de « faits de percussion », il requiert quinze mois de prison, dont douze mois avec sursis, une interdiction de contact et le port d’un bracelet anti-rapprochement.

Après délibération, le tribunal a prononcé une peine d’un an de prison ferme, plus un an avec sursis, avec l’obligation de trouver un travail, celle de suivre des soins et celle de participer à un stage sur les violences conjugales. L’homme n’a plus le droit d’entrer en contact avec celle qui est désormais son ex-compagne.

Anthony Fillet

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