… Passons maintenant à ce qu’est l’Indopacifique (I-P) (1) et d’abord, pourquoi en parlent-ils aujourd’hui plus qu’hier ? Parce que l’I-P est devenue la locomotive économique du monde. C’est le choix du milliard de consommateurs de la classe moyenne asiatique, la plus nombreuse du monde, qui façonne les marchés mondiaux. En 2030, l’I-P produira plus de la moitié de la production marchande mondiale et consommera plus de la moitié de la nourriture du monde ainsi que quarante pour cent de son énergie. La Chine en est la puissance dominante mais y a une stratégie hégémonique « dans les domaines de la technologie productive, des réseaux commerciaux et des options de financement de manière à exclure la concurrence » (2). Parce que les « petits » Etats et Territoires d’Océanie insulaires sont devenus des « grands Etats maritimes » titulaires d’immenses richesses écologiques et marchandes (poissons, minerais sous-marins) et sont donc l’objet d’une nouvelle attention politique et économique. De cela, ces pays ont la ferme intention de tirer parti y compris en concluant des accords de coopération avec la Chine. Parce que la France a adopté récemment une stratégie I-P ambitieuse dotée de moyens nouveaux, plus civils que militaires en dépit des apparences. Paris compte principalement sur l’amélioration de sa capacité à proposer des solutions aux défis sécuritaires, économiques, sanitaires, climatiques et environnementaux en Océanie. Alors, pourquoi la multiplication récente de traités de coopération en tout genre entre toutes les puissances de l’I-P sans la Chine ? Réponse : montrer à Pékin que ce n’est pas son intérêt de devenir une puissance hégémonique ni dans l’Indo ni dans le Pacifique parce que ses chances d’y parvenir sont faibles et/ou coûteuses pour elle. Pas plus pas moins.
1 -Cf le Billet de samedi dernier, 25 août.
2 – Vijay Gokhale in the Regional security outlook 2021.