Avec 29 voix contre 26, Roch Wamytan a été réélu pour la cinquième fois d’affilée à la tête du Congrès hier matin. Le président a rappelé dans son discours les axes de cette dernière mandature avant les provinciales de 2024, non sans avoir remercié l’Éveil océanien pour son soutien.
Ambiance des grands jours, hier, dans l’hémicycle du Congrès de la Nouvelle-Calédonie. La salle archicomble n’était pas assez grande pour accueillir tous les invités et le nombreux public, si bien qu’un espace a dû être aménagé au rez-de-chaussée, où il était possible de suivre la session sur un écran géant.
Il faut dire que l’ordre du jour était important. Il s’agissait de renouveler, comme chaque année, les instances de l’institution. Le président d’abord, puis le bureau, les différentes commissions et, enfin, les représentants dans les organismes extérieurs.
C’est Aloisio Sako (UC FLNKS) qui présidait la séance, en tant que doyen de l’assemblée.
Une séance qui a débuté avec un peu de retard par l’élection du président. Seuls deux candidats étaient en lice, Roch Wamytan, président sortant, côté indépendantiste, et Naïa Wateou, pour les loyalistes, qui présentaient doncune candidature unifiée.
Avec 26 conseillers dans le premier camp et 25 dans le second, c’est, comme l’an passé, l’Éveil océanien, avec ses deux élus, qui pouvait faire pencher la balance. Son président, Milakulo Tukumuli, ayant annoncé l’intention de son parti de se ranger derrière la candidature de Roch Wamytan, on n’attendait pas de surprise. Et il n’y en a pas eue. Le grand chef de Saint-Louis pouvait espérer 28 voix, il en a récolté finalement 29, s’assurant ainsi la victoire au premier tour de scrutin. Naïa Watéou comptabilisait 25 suffrages, soit ceux émanant des Loyalistes, du Rassemblement et de Calédonie ensemble.
Dans son discours, le président réélu s’est dit « fier et honoré » de rempiler pour un cinquième mandat consécutif au perchoir, le dernier avant les prochaines échéances provinciales, et a assuré qu’il assumera cette tâche avec impartialité et dans un esprit de consensus, « à l’image du “speaker” des parlements du Commonwealth britannique ». Après avoir remercié les élus et particulièrement ceux de l’Éveil océanien, à qui il doit ses deux derniers mandats, Roch Wamytan a évoqué les trois défis majeurs qui marqueront cet exercice.
« Paix, liberté et solidarité »
D’abord, « le défi de la paix ». Rendant hommage « aux leader disparus » et à leur poignée de main, il a rappelé que « cette paix est encore fragile, il nous faut la préserver à travers un dialogue permanent entre les représentants élus par le peuple et pour le peuple. De son côté, l’État doit respecter ce qui a été le guide des accords : un État impartial au service de tous. »
Ensuite, « la liberté de choisir notre avenir ». « Nous devrons nous préserver d’une vision imposée par d’autres, pouvant être guidés par des intérêts notamment économiques, contraires à nos modes de vie et nos cultures », a déclaré le chef de l’institution, appelant à « imaginer un nouveau modèle de prospérité et de résilience qui corresponde à nos cultures et à nos coutumes ».
Enfin a été évoquée parmi ces points fondamentaux, la solidarité. « Notre devoir nous dicte de mettre tout en œuvre pour protéger les plus faibles d’entre nous. La résorption des inégalités et la réduction des disparités sur l’ensemble de notre territoire ne doivent pas rester un vœu pieu mais bien une réalité à laquelle nous devons nous atteler et agir concrètement. Notre pays a besoin d’être réformé en profondeur. »
Des réformes qui sont déjà pour certaines, sur le bureau du Congrès et parmi lesquelles on pense évidemment à la fiscalité et au régime de la Cafat. Mais Roch Wamytan a également abordé une réforme de l’institution elle-même. Évoquant une mission d’experts indépendants menée par l’ancien Premier ministre italien Enrico Letta, missionnée depuis 2019 et qui a rendu ses conclusions le 25 août, le président a ouvert la porte à des évolutions au sein de l’organe législatif du pays : autonomie accrue, meilleure visibilité de l’institution, création d’un statut de parlementaire, son élection au suffrage universel direct… Des pistes qui, si elles étaient suivies, pourraient renforcer le pouvoir du congrès et sa légitimité populaire.
Déception mesurée
Côté loyaliste, la déception était mesurée. D’abord parce que l’issue du scrutin ne laissait que peu de place au doute, mais surtout parce que l’exercice a été l’occasion d’afficher une réelle unité autour de la candidature de Naïa Wateou. Dans un communiqué publié dans la foulée, les Loyalistes et le Rassemblement « prennent acte de la réélection de Roch Wamytan » qui n’est selon eux « pas une surprise puisqu’elle correspond au pacte de répartition des postes et des rémunérations signées en catimini l’année dernière entre le FLNKS et l’Éveil océanien ». Ils saluent également l’unité des non-indépendantistes autour de la candidature de Naïa Wateou. « Les Loyalistes et le Rassemblement feront tout pour faire vivre cette unité, qui permettra à la majorité réelle de retrouver sa pleine place dans les institutions en 2024 lors des prochaines élections provinciales. »
Cet épisode du boulevard Vauban étant clos, tous les regards sont à présent tournés vers Paris où les discussions sur l’avenir vont s’ouvrir le 4 septembre à l’invitation de la Première ministre, Elisabeth Borne, avec, en ligne de mire, les provinciales de 2024.