Du 25 au 27 août, attendez-vous à tout un spectacle au théâtre de l’île : la compagnie Les Épis Noirs revisite Britannicus, tragédie classique de Racine, pour nous propulser au cœur d’un… cirque.
« Britannicus Tragic Circus, c’est un théâtre burlesque, mais pas que, explique Gilles Nicolas, comédien qui joue le rôle d’Albin. La trame de la tragédie reste là. C’est burlesque, parce qu’il y a parfois des quiproquos, des erreurs… ». Car à la base, rien de bien drôle dans Britannicus, la tragédie classique écrite par Racine en 1669 qui met en scène des intrigues politiques et amoureuses se déroulant dans la Rome antique. L’originalité de Britannicus Tragic Circus réside dans la mise en abyme de l’histoire. « Il y a une pièce dans la pièce, précise Gilles Nicolas. L’histoire se déroule dans un cirque, et Monsieur Loyal va donner des rôles à jouer aux personnages du cirque. Ce sont les personnages qui jouent Britannicus. Ainsi, chaque comédien joue deux personnages. Ça met de la distance au jeu, et c’est ce qui permet le burlesque. On n’essaye pas de jouer réellement Britannicus, même si on suit la trame de l’histoire ». D’ailleurs, tous les rôles présents dans la version classique de Britannicus ne se retrouvent pas dans la pièce.
Musique et théâtre, deux arts indissociables
« C’est un spectacle musical, précise Tchavdar Pentchev, comédien qui joue le rôle de Néron. L’auteur et metteur en scène, Pierre Lericq, a écrit des chansons qui accompagnent la pièce. Musique, chansons, chorégraphies, la pièce est assez visuelle ». Mais attention, le théâtre musical, ce n’est pas de la comédie musicale. « Dans un théâtre musical, même sans les chansons, les spectateurs comprennent l’histoire, alors que dans une comédie musicale, on ne peut pas comprendre l’histoire sans les chansons », explique Jules Fabre, comédien qui joue le rôle de Britannicus. Si les spectacles de théâtre musicaux ne sont pas courants, c’est pourtant la spécialité de leur compagnie. « La compagnie Les Épis Noirs allie théâtre et musique comme deux arts indissociables, souligne Jules Fabre. La musique est déjà un langage universel en soi, donc à défaut de forcément comprendre les enjeux de la pièce, on peut être pris par la musique. À travers les paroles des chansons, on retrouve les messages de la pièce et de l’auteur ».
Une histoire pour tous les âges
« Il y a beaucoup de messages dans cette pièce, beaucoup de couches que l’on pourrait retenir, décrit Tchavdar Pentchev. C’est fait pour tous les âges, chacun retient les messages qu’il veut : des messages philosophiques, des messages politiques, et les messages de l’histoire de Britannicus. Doit-on choisir l’amour ou le pouvoir ? Doit-on suivre son cœur ou sa raison ? C’est un spectacle qui est bouleversant, surtout lorsqu’on n’a pas beaucoup d’éléments avant de le voir, car ce que propose Pierre Lericq est assez singulier. L’histoire, telle qu’elle est racontée et écrite, est accessible à tous ». « C’est une pièce qui marche très bien auprès des jeunes » complète Gilles Nicolas. « Plus jeune, j’aurais adoré voir une adaptation d’un texte classique comme celle-là, ça reste assez ludique, mais ça n’enlève pas les enjeux et la dramaturgie de l’histoire, affirme Tchavdar Pentchev. Il y a vraiment ce côté spectaculaire dans la pièce, au niveau des costumes et des musiques, qui fait qu’on rentre dans un tourbillon d’une heure et demie ».
Faire sortir le monstre qui se trouve en chacun
Chaque personnage est aux prises avec une dualité qui lui est propre, reflétant son conflit intérieur. « Dans tous les personnages, il y a un monstre qui se révèle à un certain moment, explique Jules Fabre. Par exemple, le monstre Britannicus se révèle au moment où on lui enlève ce qu’il a de plus cher ». « Dans l’histoire, tous les personnages sont des monstres, confirme Tchavdar Pentchev. C’est pour cela que l’univers du cirque a inspiré le metteur en scène, parce qu’il y a cette espèce de « freak show », ces numéros de monstres… qui logent en chacun de nous. Les personnages vont les révéler, les laisser sortir et s’exprimer, alors que nous, on les retient, on les met dans une cage à l’intérieur de nous et on n’extériorise pas ».
Une première en Nouvelle-Calédonie
Pour en savoir plus, il faudra venir voir la pièce ! Britannicus Tragic Circus sera joué le vendredi 25, samedi 26 et dimanche 27 août au Théâtre de l’île. « Je suis assez curieux de rencontrer le public car c’est la première fois qu’on joue à l’extérieur de la France métropolitaine », admet Gilles Nicolas.
Kim Jandot