Cette semaine le théâtre de l’Île nous propose « Marcus et les siens », mis en scène par Alain Mardel.
Cela fait deux ans que Mathilde est morte, assassinée par un terroriste à la suite d’un film polémique dans lequel elle jouait. Deux ans que Marcus, son compagnon, a disparu sans donner de nouvelles. Durant tout ce temps, il a cherché sans relâche à retrouver l’assassin de Mathilde. Et il a réussi. Directeur d’un théâtre, il réunit les membres de sa troupe pour leur annoncer qu’ils doivent maintenant décider du sort de l’individu : faut-il rendre l’homme à la justice, ou le tuer ? C’est le pitch de « Marcus et les siens », une nouvelle pièce de théâtre qui se joue au Théâtre de l’île les 28, 29 et 30 juillet. « C’est une troupe très soudée, avec des relations fraternelles, explique Alain Mardel, le metteur en scène de « Marcus et les siens ». Ils se connaissent très bien. Cela fait deux ans que le drame est arrivé mais les membres de la troupe sont encore très marqués par le décès de Mathilde, qui était comme une sœur pour eux ».
Un dilemme cornélien
Tout le propos de la pièce réside dans ce dilemme : faut-il faire justice soi-même, ou faut-il laisser faire la justice, même si la police a échoué à retrouver le coupable ? « C’est une question grave puisque cela met le groupe dans une situation dramatique, affirme Alain Mardel. Il s’agit de tuer un homme ! C’est une question que pourrait se poser beaucoup de personnes dans une situation similaire : si quelqu’un avait fait du mal à un membre de notre famille, qu’est-ce qu’on ferait ? Ne nous viendrait pas en tête la pensée de vouloir lui faire du mal en retour ? ».
La violence est-elle plus visible ?
Alain Mardel explique que ce qu’il a attiré dans cette pièce de Charif Ghattas, c’est tout d’abord le sujet, notamment le drame qui se déroule lorsqu’on annonce que Mathilde a été assassinée par un terroriste. « La mort de Mathilde résonne en nous à cause des drames qui se sont déroulés ces dernières années avec les terroristes, souligne le metteur en scène. Ça nous touche personnellement ». Mais également le fond de la pièce. « Cette histoire de justice à régler soi-même, ou à laisser faire… Cette question est développée par des échanges savoureux et violents entre les comédiens qui entourent Marcus », assure-t-il. Si la pièce n’est pas basée sur des faits réels, elle n’en reste pas moins inspirée de la réalité. « L’inspiration ne vient pas toujours de faits concrets, mais de sensations et de sentiments qu’on peut avoir après avoir observé la société telle qu’elle se comporte, explique Alain Mardel. Depuis quelques temps, il y a une forme de violence qu’on ne voyait pas auparavant, par exemple les agressions qui se déroulent dans la rue, qui sont filmées puis diffusées sur les réseaux sociaux. C’est nouveau, et c’est d’une violence absolue. Cela ne veut pas dire que la société est plus violente qu’avant, mais on en parle davantage. Avec les réseaux sociaux, on est un peu cernés par ce phénomène ».
Un drame sans concession
Avant que Marcus n’arrive sur scène, les personnages arrivent encore à vivre des petits moments de partage et de joie. Son arrivée et le dilemme qu’il pose tirent un trait sur toute émotion positive. « Il ne s’agit pas d’une comédie dramatique, il s’agit d’un drame, souligne Alain Mardel. Rire pour quoi ? Marcus se déleste de ce poids en confiant à sa troupe le choix de tuer ou de ne pas tuer. C’est dur comme décision. Chacun argumente jusqu’à la fin de la pièce ». « Marcus et les siens » est un drame qui soulève toutes ces questions, et bien plus encore. À retrouver au Théâtre de l’île les 28, 29 et 30 juillet.
Kim Jandot