Il y a les neuf morts des affrontements, parmi lesquels deux gendarmes, et il y a tous les autres qui n’entrent dans aucune macabre comptabilité, mais qui sont les victimes indirectes des exactions et des violences. Le monde de la santé est désespéré. Par faute de soins, privés de leur traitement ou d’accès aux soins, un nombre de plus en plus important de patients décèdent de leur pathologie, de manière prématurée et sans que les soignants puissent y faire quelque chose. Hier, c’est le Médipôle, auquel ni les personnels soignants ni les patients ne pouvaient accéder pendant de longues heures. Contrairement à ce que la CCAT proclame dans ses communiqués, des ambulances ont été obligées de faire demi-tour, et à Dumbéa toujours, une ambulance des pompiers a été la cible de coups de feu. L’ATIR (Association de prévention et de traitement de l’insuffisance rénale) qui s’occupe des dialysés a annoncé, hier, la fermeture jusqu’à nouvel ordre de ses centres de soin du Grand Nouméa.
Frapper et faire mal
Ça n’est pas à une escalade à laquelle nous avons assistée hier, mais bien la manifestation d’une volonté affichée et revendiquée de frapper et de faire mal. Au rythme où vont les choses, on peut craindre que la liste des décès collatéraux aux violences ne cesse de s’accroître, et il faudra que les autorités sanitaires publient les statistiques de ces décès, pour que la vérité soit faite sur ce point. Il se pourrait dans ces conditions que les nombres de ces morts tragiques dépassent ceux des victimes du Covid, pour lesquelles on s’en souvient, une période de « deuil » avait été décrétée. Une telle période sera-t-elle proclamée pour tous ces morts inutiles ?