La SLN, privée de production minière jusqu’à nouvel ordre

La situation est pour le moins préoccupante pour le principal employeur du pays. Tous ses sites miniers sont à l’arrêt, aussi bien ceux du Nord que du Sud. Ce qui occasionne des pertes conséquentes pour la SLN, déjà sur la corde raide.

Les deux prolongations successives – de six semaines puis de douze mois – des garanties financières de la SLN par Eramet, son actionnaire majoritaire, n’auront pas suffi. Pas plus que l’appel « à la bienveillance des provinces », lancé par Jérôme Fabre, le directeur général de la SLN, mercredi. Paul Néaoutyne, le président de la province Nord, refuse toujours à l’opérateur la reprise de l’exploitation sur ses huit centres miniers du Nord.

Résultat, depuis jeudi 11 avril, les quelque 700 salariés de la SLN travaillant en province Nord n’ont toujours pas repris leurs activités de minage sur leurs sites respectifs. Jeudi, dans la soirée, la direction de la Société Le Nickel avait pourtant assuré, dans un communiqué, que l’extension de ses garanties financières sur une période de douze mois allait permettre « la reprise de l’activité » sur l’ensemble de ses sites miniers du territoire provincial. Tout comme Sonia Backes avait annoncé jeudi après-midi sur les réseaux sociaux que l’exploitation allait « pouvoir continuer dans le Nord et dans le Sud… dans l’attente de la signature du pacte nickel ».

La province Nord persiste dans son refus

Mais c’était sans compter sur une nouvelle riposte de Paul Néaoutyine, bien décidé à mettre des bâtons dans les roues de l’industriel.

Jeudi soir, la SLN a reçu un nouveau courrier du président de la province Nord, faisant part de deux nouvelles exigences concernant les garanties financières demandées. Rappelons que ces cautions, imposées par le code minier, doivent être provisionnées par l’opérateur pour assurer une éventuelle remise en état des sites exploités en cas de défaillance de ce dernier. Elles avaient été renouvelées in extremis le 10 avril par Eramet pour sa filiale jusqu’au 25 mai 2024, avant d’être étendues le lendemain jusqu’au 11 avril 2025. Paul Néaoutyine requiert désormais leur extension sur une durée de quatre ans. Il exige par ailleurs que les sommes soient consignées par la SLN plutôt que par son actionnaire principal Eramet qui les fournit à sa place depuis 2020, en raison de la trésorerie insuffisante de la SLN. Si la Vieille Dame devait elle-même mettre de côté la somme demandée (environ 4,7 milliards de francs), l’impact serait conséquent car elle devrait ponctionner sa trésorerie, déjà mise à mal, ce qui rapprocherait sa date de la cessation de paiement. « L’objectif est clairement de réduire notre durée de vie », soutient une source interne.

Un genou à terre

Alors qu’elle estimait les garanties fournies « conformes », la SLN est en train d’étudier la possibilité de recours juridiques. En attendant, la direction a donné consigne à ses centres miniers de ne pas reprendre l’exploitation jusqu’à nouvel ordre et de poursuivre les opérations de sécurisation entamées jeudi. Depuis deux jours, des inspecteurs de la DIMENC (Direction de l’industrie, des mines et de l’énergie), missionnés par la province Nord, inspectent les différentes sites pour s’assurer que l’activité est bien interrompue. À défaut, la Société Le Nickel s’exposerait à des poursuites judiciaires et pénales.

En attendant, l’arrêt intégral de sa production minière sur l’ensemble du territoire coûte très cher à l’entreprise, déjà proche du précipice. Les pertes se chiffrent à plus d’une centaine de millions de francs par jour. Mais le pire reste à venir. Car si la situation venait à durer, la SLN pourrait rapidement se retrouver à court de minerai pour alimenter son usine de Doniambo. C’est là qu’elle commencerait à toucher le fond.

Béryl Ziegler

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