À Paris, le FLNKS veut aller vite

Au terme de sa convention, samedi à Pouébo, le FLNKS a acté sa participation au sommet orchestré par Emmanuel Macron, à partir du 2 juillet. Avec, en ligne de mire toujours, l’obtention de la pleine souveraineté.

Si le doute était minime, il convenait tout de même de lever les ultimes réserves concernant la participation attendue du Front de libération kanak et socialiste (FLNKS) au prochain sommet parisien, convoqué par Emmanuel Macron à compter de mercredi. La décision a officiellement été prise samedi, à Pouébo, où la frange la plus radicale des indépendantistes était réunie en convention. Oui, le Front sera bien du voyage à Paris cette semaine, en compagnie de l’ensemble des délégations politiques du territoire. Car, si le FLNKS regrette « le manque de clarté de l’État sur le rendez-vous en ce qui concerne le programme, le format et l’ordre du jour », il a souhaité rester « dans le mandat de son congrès de Saint-Louis des 25 et 26 janvier » dernier.

Deva, « le socle des nouvelles négociations »

Si la décision a été rapide, en revanche, il a été longuement question de savoir ce qu’allaient chercher les indépendantistes à Paris. Et c’est Christian Tein, qui ne participera pas au sommet en raison de son contrôle judiciaire, qui a donné le ton dans une lettre dont Laurie Humuni a donné lecture. « Les discussions à venir doivent converger vers l’indépendance pleine et entière », a ainsi écrit Christian Tein, estimant même qu’il fallait aller très vite, « afin de minimiser le risque de remise en question des décisions, en raison d’éventuels changements au sein de l’État français ».

Et, sans surprise, à l’image du député Emmanuel Tjibaou, qui avait déjà exprimé sa position dans un communiqué à l’aube du grand rendez-vous parisien, le FLNKS pose ses conditions et « exhorte » l’État à « respecter sa parole et à reprendre les discussions au stade où elles ont été laissées à Deva ». Autrement dit, le projet de « souveraineté avec la France » proposé par Manuel Valls lors du conclave, ouvertement critiqué par les loyalistes, devant être la base des discussions à venir. « L’État, par le biais du ministre d’État de l’Outre-mer, a soumis le 30 avril 2025 un projet posant les bases d’une nation avec des liens d’État à État avec la France (…) Le mouvement réaffirme que cette proposition constitue le socle des nouvelles négociations à Paris et qu’aucun échange ne se fera en deçà », affirme ainsi le Front dans un communiqué.

La méthode Rocard

Les indépendantistes vont donc à Paris pour signer, et signer vite, un accord qui prévoirait a minima une indépendance-association, avec l’objectif d’aller plus loin. Dans ces conditions, le compromis va être compliqué à dessiner, et la tâche de l’Élysée ne s’annonce pas facile.

Il faut dire aussi que l’Élysée aura le choix du débat, puisque chacun y va avec sa solution. Les indépendantistes veulent l’indépendance, Loyalistes et Rassemblement veulent un accord qui prenne en compte le respect du choix démocratique des Calédoniens et conforte une volonté de reconstruire durablement la Nouvelle-Calédonie, tandis que Calédonie ensemble et l’Éveil océanien prônent, dans des versions légèrement différentes, la prolongation de l’accord de Nouméa, auquel s’ajoute donc le projet Valls. On ne sait pas comment va s’organiser ce sommet, mais l’Élysée semble avoir adopté la méthode Rocard lors des négociations de Matignon, à savoir : on sait quand ça commence, on ne sait pas quand ça finit. « Nos échanges, a ainsi indiqué le président de la République dans son invitation aux participants, dureront le temps nécessaire à ce que les sujets lourds que nous aurons à aborder puissent l’être avec tout le sérieux qu’ils méritent ». Tout le monde va donc se retrouver ce mercredi 2 juillet à Paris pour des discussions dont on ignore l’issue ni même si elles se prolongeront longtemps.


Un forum économique

Mais, à défaut d’un accord sur le plan institutionnel, ce sommet pourrait peut-être permettre au territoire de relever petit à petit la tête d’un point de vue économique alors que le chef de l’État a également convié à Paris les représentants du monde socio-économique. Un forum, en marge des discussions, auquel prendra également part le FLNKS, car « la grave crise », qui « se matérialise par de graves problèmes d’emplois, de logement et de transport » notamment, « l’impose ». Mais, là encore, le Front pose certaines limites et « met en garde l’État contre toutes tentatives d’utiliser ces problématiques pour influer sur les discussions politiques ». Et d’affirmer : « La stabilité politique est un préalable à la stabilité économique et sociale, et elle s’obtiendra uniquement dans le processus d’accès à la pleine souveraineté. »



Claire Gaveau et Nicolas Vignoles

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