Un travail d’intérêt général (70 heures) à réaliser dans les dix-huit mois. Sinon, deux mois de prison ferme. Ainsi en a décidé le juge, la semaine dernière, au sujet d’un homme de 42 ans accusé d’avoir, le 11 juin 2024 à Rivière-Salée, arraché des tôles protégeant le magasin Chez Caro, dans le but de les dérober. « C’est extrêmement dangereux : vous auriez pu passer à travers » et finir « en chaise roulante », le sermonne le magistrat. Le toit était en effet fragilisé par un incendie déclenché quelques jours plus tôt. L’établissement avait aussi été pillé. Il ne restait plus grand-chose, si ce n’est ces tôles… Le prévenu sourit face à la prévenance du juge, lui répond qu’il a travaillé dans le secteur de la construction. Il savait donc ce qu’il faisait. S’il s’est retrouvé là, c’est parce que des jeunes du quartier lui auraient affirmé que le propriétaire du magasin (qui ne demande pas de dédommagement) était au courant et pas opposé à l’idée. Voilà comment, avec « une dévisseuse et un outil de plombier » de son côté, et un couteau chez son complice, le duo a commencé à dépecer le toit, action arrêtée par l’arrivée de CRS. « Je ne suis pas un voleur, c’est un concours de circonstances », se défend cet homme une fois condamné par le passé, qui « travaillait pour la Maison de quartier » toute proche, avant qu’elle ne brûle elle aussi. « Une semaine avant » l’épisode du toit, « il y avait eu une attaque, j’étais là pour protéger », dit-il, se présentant en héros. Richard Dutot, représentant du ministère public, « ne croit pas à sa thèse. À l’époque, beaucoup de pilleurs disaient que c’était avec l’accord des propriétaires… alors que c’était faux ! » Comme au sujet des « prétendues milices ». Son complice, jusque-là dix fois condamné et absent à l’audience, écope lui de deux mois de prison ferme.
Anthony Fillet