Mimsy Daly a vivement réagi, jeudi, à l’incendie de l’ancienne usine Biscochoc à Ducos, évoquant « un coup dur pour tous les entrepreneurs ». La patronne du Mouvement des entreprises de Nouvelle-Calédonie (Medef-NC) affirme « attendre des réponses », à quelques encablures des discussions sur l’avenir institutionnel.
La Voix du Caillou : Le président de la République a absolument tenu à convier le monde économique et les chambres consulaires de Nouvelle-Calédonie à participer aux négociations. C’est pour vous une satisfaction ?
Mimsy Daly : Oui, nous sommes bien sûr très satisfaits que la dimension économique et sociale soit intégrée dans le format des discussions. Nous attendons énormément de la suite des négociations car je dois dire que l’inaboutissement du conclave de Deva a été très, très mal vécu par les entrepreneurs calédoniens. Il y a eu une vraie baisse de moral, un fort sentiment d’échec. C’est quasiment un message de désespoir que nous allons porter à Paris.
LVDC : Vous avez très fortement réagi à l’incendie de l’ancienne usine de Biscochoc…
M.D. : En effet, car Biscochoc est l’une des entreprises les plus investies dans la dynamique de reconstruction. Dominique Lefeivre a maintenu les emplois de sa société, il est déterminé à avancer coûte que coûte. Mais comme je l’ai écrit sur la page Facebook du Medef : « quand les plus optimistes d’entre nous sont frappés sans relâche, dans quel avenir pouvons-nous nous projeter ? » Une enquête est en cours, mais on sait qu’il y a de fortes présomptions que ce soit un incendie volontaire. Derrière Biscochoc, il y a des emplois, des familles. C’est une souffrance pour les salariés, et c’est vrai pour toute la Calédonie : il n’y a pas une seule entreprise aujourd’hui où les salariés n’ont pas peur de perdre leur travail. Nous ne pouvons pas continuer à vivre dans ce climat d’incertitude et d’insécurité.
« Je trouve que là, le dossier est parfaitement instruit à Paris. »
LVDC : Qu’attendez-vous des discussions qui vont s’ouvrir le 2 juillet à Paris ?
M.D. : Nous attendons une parole politique forte. Nous attendons un vrai projet, pour pouvoir reconstruire la Nouvelle-Calédonie, tous ensemble. Le secteur privé a été très touché, il nous faut un nouveau départ. Entreprises, comme salariés. Et nous attendons bien sûr de connaître la dimension économique et sociale de ce futur projet.
LVDC : Justement, quels sont les sujets économiques et sociaux sur lesquels vous attendez des réponses en particulier ?
M.D. : Ils sont nombreux et nous travaillons d’ailleurs depuis près de trois ans avec les services de l’État, auxquels nous avons formulé de nombreuses propositions de réforme. Quel sera le niveau d’autonomie financière du territoire ? Comment sera tranchée la question de la citoyenneté ? Un vrai sujet pour les investisseurs. Comment relancer nos filières nickel et tourisme ? Quid de l’économie en terres coutumières ? Et bien sûr il y a la question de la réduction de nos dépenses publiques : il faut travailler sur les grilles de rémunération et les référentiels des métiers de l’administration, sur l’empilement institutionnel ou encore sur le ratio coût/utilité des sociétés d’économie mixte.
LVDC : Mais l’État ne peut apporter seul toutes les réponses…
M.D. : Non, en effet, il faut des réponses de l’ensemble des parties prenantes. Le 2 juillet, tous les interlocuteurs seront autour de la table. Ironiquement, nous avons eu ces dernières années plus d’échanges avec l’État qu’avec les politiques locaux… Et l’État attend de nous que nous fassions aboutir les réformes qu’il nous a demandées. Il faut un vrai travail de fond, collectif, sur les questions économiques, fiscales et sociales. C’est une étape essentielle pour pouvoir nous tourner vers l’avenir.
Propos recueillis par Isabelle Peltier