Dans la fontaine de l’actualité est peut-être née, ces derniers jours, une nouvelle fable. Sous une publication titrée « Christian Tein se dit ‘’désolé’’ pour ce beau gâchis », un internaute a eu cette remarque, en forme d’interrogation : « Bichou serait-il en train de devenir un bichon ?? ». Le même jour, vendredi, en commentaire de la Une de votre journal, sur laquelle il était écrit, en grosses lettres blanches, « Christian Tein joue l’innocent », un lecteur, différent du précédent, s’est lui voulu affirmatif : « Bichou est devenu bichette ». Puisque l’humour est sujet à d’interminables discussions, on ne se lancera pas dans un débat pour tenter d’expliquer pourquoi c’est drôle, pourquoi ça ne l’est qu’à moitié ou pas du tout. Ces jeux de mots, bons ou non, disent surtout quelque chose de comment a été perçue, par une partie de la population calédonienne, la conférence de presse du 18 juin, quand Christian Tein s’est exprimé, pour la première fois depuis un an, depuis le bureau de l’un de ses avocats, à Montpellier. Où il a dit, notamment, avoir été « déconcerté » par le déclenchement des émeutes le 13 mai 2024. Il a parlé comme un vieux sage, qualité qu’on ne soupçonnait pas chez lui. Sincérité ou stratégie judiciaire ? Un peu des deux ? Le leader indépendantiste n’est, à l’évidence, pas responsable de tout. De là à penser qu’il n’est responsable de rien, il y a un pas, ici de géant. Libéré le 12 juin, il a gagné un premier combat, pas encore la guerre judiciaire. « On ne va pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué », prévient, dans nos colonnes, un autre de ses défenseurs, Me Pierre Ortet. La nouvelle attitude de Christian Tein, dit « Bichou », interroge. S’il joue la comédie, alors la chanson « Biche, oh ma biche », sortie en 1963 et chantée par Frank Alamo, semble avoir été écrite pour lui avec soixante-deux ans d’avance : « Je me demande pourquoi tu te maquilles (…) Je ne vois vraiment pas pourquoi… Pourquoi tu triches, ô ma biche. Je t’en prie, de grâce… »
A.F.