Le mis en cause, 45 ans, désormais en région parisienne dans l’attente de rejoindre sa Guadeloupe natale, était absent à l’audience du tribunal correctionnel, tout comme l’une des deux victimes, qui poursuit sa carrière dans l’Hexagone. La seconde plaignante, elle, toujours en poste ici, est venue raconter ces faits étalés entre le 1er mars 2023 et le 8 juin 2024, survenus dans le huis clos d’un service administratif de la gendarmerie, caserne Bailly, à Nouméa.
Les victimes sont ses collègues. Lui est gendarme depuis une vingtaine d’années, ne le sera plus à partir du 1er août : radié. En attendant, il est, depuis la révélation de cette affaire, suspendu administrativement, avec retrait de son arme de service.
Elles portent l’uniforme depuis bien moins longtemps, sont gendarmes adjointes volontaires. Plus jeunes, moins gradées, situations contractuelles précaires : des cibles idéales, « pas choisies par hasard ». Visées parce que « Mélanésiennes, car elles ne parlent pas », devait-il penser, « pas peur du regard de leur petit ami, par peur de perdre leur poste ». Et puis, dans leur culture, parler de « sexe (…) c’est tabou », poursuit leur avocate, Me Nathalie Lepape. Ce prévenu aux « agissements qui sont inacceptables (…) a usé de son autorité malsaine », mais « il les a sous-estimées » car elles ont fini par rompre le silence, dénonçant ce « droit de cuissage d’un autre temps ». Ce père de famille, marié à une femme qui elle aussi ne sera bientôt plus militaire, a d’abord nié, se disant victime d’un complot professionnel pour des affectations de postes.
Douze ans plus tôt, « en Martinique », dixit son avocate, Me Anne Saudeau-Faivre, il avait connu des faits similaires, lui étant reproché d’avoir plaqué son corps contre celui de collègues féminines. L’affaire n’était pas allée jusqu’au tribunal, l’homme étant toutefois sanctionné en interne pour « comportements inadaptés » : trois mois de retrait fonctionnel. Depuis, il serrait la main au lieu de faire la bise. Casier judiciaire vierge, ce gendarme « bien noté » est décrit par sa hiérarchie comme ayant un « bon relationnel » avec un « esprit d’équipe apprécié », relève son avocate. Pour autant, au sein de l’institution, son comportement était surveillé.
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Anthony Fillet