Les nombreux conflits coutumiers qui émaillent encore l’actualité trouvent souvent leur conclusion dans des décisions d’expulsion des familles ou des clans jugés, à tort ou à raison, comme fauteurs de troubles, par les autorités coutumières supérieures. Ça se passe dans le calme ou dans la violence. Ça a donc été le cas récemment à Bélep, à Maré et maintenant à Touho, charge aux exclus de trouver une terre d’accueil. Dès lors, d’aucuns se demandent pourquoi à Saint-Louis, où les habitants vivent sous le joug de quelques dizaines d’individus violents, et pour le coup fauteurs de troubles, les autorités coutumières ne procèdent-elles pas à ces expulsions susceptibles de ramener calme et sérénité. Certes, dans la coutume le statut de Saint-Louis est sujet à débat et pas toujours reconnu, ce qui complique la validité coutumière des autorités concernées. Mais ne le font-elles pas, non plus, par peur aussi peut-être, ou pour autre chose ? Toujours est-il qu’à Saint-Louis, où l’on a brûlé le presbytère, l’église et l’école catholique à répétition, ce sont « les mamies » qui se relaient jour et nuit pour surveiller ce qui n’a pas encore été détruit, soutenues par quelques parents d’élèves. Action courageuse pour éviter que Saint-Louis, dépourvue d’autorités, ne sombre définitivement dans le chaos.
Nicolas Vignoles