Manuel Valls veut un accord « en n’oubliant pas l’histoire et le passé qui ont conduit au désastre des années 80 et qui a conduit au drame de 2024 ». Comme le dit Sonia Backes, entendre ça, « c’est épuisant ». L’accord de Nouméa, en particulier son préambule, signifiait justement la reconnaissance par tout le monde de toutes les histoires et notamment « des ombres et des lumières ». Pourquoi donc y revenir sinon pour justifier qu’à ses yeux il n’y a pas d’autre issue pour la Nouvelle-Calédonie que l’indépendance. « Un accord est possible en respectant l’histoire », dit encore Manuel Valls comme si l’histoire condamnait la Nouvelle-Calédonie à n’être plus dans la France, qui plus est une histoire qui fut celle d’une époque et d’un contexte, qui n’ont plus rien à voir avec notre présent. Il y a dans ces déclarations et ce positionnement, une vision politique hypermétrope, qui est de penser que de voir flou de près, mais net de loin, autorise à ne se référer qu’au passé qu’on triture pour bâtir l’avenir. Ce qui est également épuisant chez le ministre des Outre-mer, c’est qu’il se trompe (volontairement ?) dans les causes et les responsabilités du 13 mai. Une façon de s’exonérer d’avoir à condamner les vrais responsables, et donc d’en tirer les vraies conséquences, peut-être parce que ça contrarie ses plans.
Nicolas Vignoles